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Zoé Pallier, édité par Solène Leroux , modifié à
Plus de 5.000 témoignages en trois jours seulement : le #MeTooThéâtre prend de l'ampleur. Il a été lancé jeudi soir par un collectif de comédiennes, metteuses en scène et critiques de théâtre. Sur Twitter et Instagram, la parole se libère pour dénoncer les agressions sexistes et sexuelles de certains professeurs de théâtre et metteurs en scène. 
TÉMOIGNAGE

Sous le #MeTooThéâtre, des milliers de récits se suivent et se ressemblent. Ceux de comédiennes souvent très jeunes qui dénoncent l’emprise de certains metteurs en scène et professeurs de théâtre. Leurs regards déplacés, des attouchements sur scène ou dans les coulisses, parfois des viols : "Cette violence, c’est notre quotidien" raconte Camille, étudiante en théâtre. "Quand je vois le hashtag, ce n’est pas une surprise, ce n’est pas une sidération : tout le monde le sait", affirme-t-elle, en expliquant qu'"il y a tellement de noms" qui circule". "Il y a des prédateurs, des manipulateurs : dès les cours au collège j'en ai fait les frais, tout comme d'autres filles autour de moi", insiste l'étudiante.

"C'était vraiment malsain"

Les metteurs en scène ne sont pas les seuls mis en cause, les témoignages évoquent également des professeurs. "J'ai eu le même prof pendant les cinq ans. Au début, il est un peu proche de nous et je pensais vraiment simplement que c'était parce qu'on était de bonnes actrices et qu'il nous appréciait", raconte Sonia. Elle rêvait d'être comédienne, elle a commencé les cours de théâtre à l'âge de onze ans.

En grandissant, "je me suis rendue compte qu'il était un peu trop proche". Lors de ses cours de théâtre, ses camarades et elle se changeaient sur scène, faute de vestiaire. "Parfois pendant ce temps, il se permettait de nous toucher avec une main sur notre dos, l'autre sur notre ventre, il nous touchait les cuisses. C'était très furtif, mais c'était vraiment malsain."

Plusieurs tentatives de #MeTooThéâtre

"On avait 13 ou 14 ans, on devait jouer une prostituée et on devait être habillée telle une prostituée. On montait sur scène, et clairement il ne regardait pas notre prestation : il regardait notre corps, il nous regardait bouger. C'était vraiment horrible." Sonia finira par arrêter définitivement le théâtre, traumatisée par les pratiques de son enseignant. "J'ai clairement abandonné ce rêve de devenir actrice parce que je ne voulais pas y laisser mon corps."

Libérer la parole pour ébranler tout un système propice aux agressions, c’est l’intention du collectif #MeTooThéâtre. "On est toutes en concurrence les unes avec les autres, donc on a peur pour nos carrières", détaille Sarah, l'une des porte-paroles du collectif. "Parler d'un viol dans ce milieu-là ça peut potentiellement nous mettre au chômage", raconte-t-elle, pour tenter d'expliquer l'omerta qui règne dans le milieu. "Il y a eu plusieurs tentatives de #MeTooThéâtre qui n'ont pas prises. Là, enfin, ça se passe." La mobilisation sur les réseaux sociaux n’est qu’une première étape pour le collectif #MeTooThéâtre : des rassemblements auront lieu dans les prochains jours.