Victor Rouart, rescapé du Bataclan : "Le pardon est impossible"

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Margaux Baralon , modifié à
La nuit du 13 novembre 2015, Victor Rouart était au Bataclan et a reçu des tirs dans les jambes qui ont nécessité trois ans de convalescence. Aujourd'hui, alors que s'ouvre le procès de cet attentat, le rescapé ne peut pardonner à ses auteurs présumés, notamment Salah Abdeslam, seul rescapé du commando, et qui comparaît en ce moment.
INTERVIEW

Il se souvient d'un assaillant, "qui tire au hasard dans la foule". D'une balle qui le fauche. De "l'impact énorme" lorsqu'il tombe par terre. Et puis, de la "douleur immense" alors que, allongé dans la fosse du Bataclan, il "fait le mort" pendant plusieurs heures en attendant les secours. Victor Rouart était au concert des Eagles of Death metal le soir du 13 novembre 2015, lorsque des terroristes islamistes ont fait irruption et perpétré les attentats les plus meurtriers de l'histoire de France. Jeudi, au deuxième jour du procès de ces attaques, il était sur Europe 1 pour témoigner, entre autres, de la difficulté de pardonner.

"En tant que catholique, je suis très attaché à la notion de pardon", explique d'abord celui qui a écrit un livre sur le sujet, Comment pourrais-je pardonner ? (éd. de l'Observatoire). "Ce titre, c'est comme un dilemme qui m'a traversé. Car je considère que, dans le cas présent, le pardon est très compliqué. Pour moi, le pardon c'est la rencontre de deux volontés, celle du bourreau et celle de la victime. À partir du moment où le bourreau ne demande pas pardon, ce pardon est impossible."

"L'énorme provocation" de Salah Abdeslam au procès

De fait, les accusés sont loin d'avoir fait preuve ne serait-ce que d'empathie. Mercredi, à l'ouverture du procès du 13-Novembre, Salah Abdeslam, seul survivant du commando responsable des tueries ce soir-là, a réaffirmé son allégeance à l'État islamique avant de se plaindre de ses conditions de détention. "C'est une énorme provocation vis-à-vis des victimes", regrette Victor Rouart. "J'ai trouvé ça totalement indécent, je n’ai pas de mots pour qualifier ces propos. J’aimerais lui demander comment il qualifie le massacre d’innocents par dizaines [s'il pense être traité "comme un chien" en détention, comme il l'a dit]."

Mais "cela ne me surprend pas trop", reprend Victor Rouart. Celui-ci ose néanmoins un espoir. "J'aimerais qu'il puisse ressentir une once d'empathie pour les victimes."