Le conseil municipal de la ville de Valence a voté l'annulation de la vente d'un terrain à destination d'une école musulmane. 1:26
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Jean-Luc Boujon, édité par Yanis Darras , modifié à
La ville de Valence vient d'annuler la vente d'un terrain permettant à une école musulmane de s'agrandir. Une décision qui fait suite aux soupçons de l'État concernant l'établissement. Les autorités suspectent l'école d'entretenir des liens avec les Frères musulmans. Pourtant, en juin dernier, l'État avait donné son feu vert à l'agrandissement de l'établissement.

Rebondissement à Valence. Accepté il y a quelques mois, la vente d'un terrain permettant l'agrandissement d'une école musulmane a été annulée ce lundi soir lors du conseil municipal. Pourtant, tous les voyants étaient au vert en juin dernier, lorsque la question de l'agrandissement de l'établissement musulman, installé dans la ville depuis dix ans, s'était posée.

La mairie était d'accord et le rapport de l'Éducation nationale était très favorable. Mais en juillet, la préfète de la Drôme demande au maire de Valence, Nicolas Daragon, de faire machine arrière. "Quand l'État, avant la délibération, me dit que l'enseignement dispensé dans l'établissement est de bonne qualité et pour qu'il soit mieux, il faudrait qu'il déménage et qu'il s'agrandisse, et bien je vends un terrain pour que cette école s'y installe", explique-t-il au micro d'Europe 1, ajoutant "faire confiance à l'État" dans ce genre de décision. 

Frères musulmans

"Et puis quand, le lendemain de la délibération, on commence à me dire 'Vous ne devez pas travailler (avec cet établissement ndlr) pour des raisons liées à l'éducation qui y est donnée, ou à cause de l'urbanisme, ou à cause de la sécurité intérieure', et bien, j'écoute les personnes qui sont compétentes sur ces sujets-là. Je relève simplement l'incohérence de la position de l'État", s'agace-t-il. 

Derrière cette décision se cachent les soupçons de l'État sur l'établissement. Les autorités suspectent l'école musulmane de Valence d'entretenir une proximité avec les Frères musulmans. "C'est de la discrimination, c'est aussi simple que ça", s'énerve Mourad Djabri, l'un des responsables de l'école. 

"Incohérent et inacceptable"

"C'est un projet qui est républicain", poursuit-il au micro d'Europe 1. Et d'ajouter : "Comment peut-on accuser une école d'être proche des Frères musulmans alors qu'il n'y a pas de cours religieux, qu'on souhaite passer sous contrat et qu'on n'accepte pas de financements étrangers ? C'est complètement incohérent et inacceptable", conclut Mourad Djabri. 

Ce responsable avait prévenu : l'établissement a déposé plainte pour "discrimination" contre la préfecture et la mairie de Valence.