Une vidéo d'errance forcée d'exilés près de Paris suscite une vive émotion

Quelque 3.000 personnes avaient été évacuées, mardi, d'un campement à Saint-Denis.
Quelque 3.000 personnes avaient été évacuées, mardi, d'un campement à Saint-Denis. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Europe 1 avec AFP
Environ 300 à 400 migrants ont été forcés de marcher dans les rues d'Aubervilliers, Saint-Ouen et Saint-Denis, près de Paris dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon les associations et les journalistes sur place, la police aurait délogé ces exilés pour qu'ils ne puissent pas s'installer pour dormir. La préfecture de police de Paris n'a pas souhaité réagir. 

Une vidéo d'exilés forcés à errer près de Paris dans la nuit de mercredi à jeudi et suivis par la police afin d'éviter qu'ils ne s'installent pour dormir a suscité une vive émotion parmi les défenseurs des migrants, qui jugent "inhumaine" l'action des forces de l'ordre. Sur l'enregistrement posté sur les réseaux sociaux par le journaliste Remy Buisine, qui affirme que la scène s'est déroulée à minuit et demi, on voit des migrants, sacs sur le dos et pour certains couvertures à la main, marcher dans les rues tandis qu'on entend un policier crier "dégage, bouge".

300 à 400 migrants malmenés

Ils étaient 300 à 400 dans cette errance, parmi le millier de personnes qui n'a pas bénéficié de l'opération de mise à l'abri menée mardi dans la foulée du démantèlement du campement de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, a raconté à l'AFP Yann Manzi, fondateur de l'association Utopia56 qui accompagnait ces exilés et que l'on distingue sur la vidéo. Quelque 3.000 personnes ont été évacuées de ce campement, selon les autorités.

"On était en maraude pour distribuer de la nourriture, des couvertures, sur Aubervilliers, Saint-Ouen, Saint-Denis et on a suivi ces personnes prises en chasse toute la nuit, jusqu'à 5h du matin, par la police", a ajouté Yann Manzi."C'est inhumain. L'objectif de la police, c'était clairement de les rendre fous, d'éclater ces groupes et d'en arrêter certains pour remplir les centres de rétention, pour faire disparaître les 1.000 personnes qui sont restées sur le carreau", a-t-il poursuivi.

C'est "une insulte à la raison"

Interrogée par l'AFP, la préfecture de police de Paris n'a pas donné suite. "C'est le travail normal de la police d'éviter les campements sauvages", a pour sa part souligné une source au sein des autorités de la Seine-Saint-Denis. "Ce n'est sûrement pas l'opération (de mardi) qui a permis de mettre à l'abri l'ensemble des personnes qui sont sur la plaque parisienne", avait reconnu mercredi le préfet de la région Ile-de-France, Marc Guillaume, lors d'une visite dans un centre d'hébergement d'urgence.

Dans une lettre envoyée jeudi au préfet de région pour lui demander les modalités de prise en charge de ces personnes en errance, la députée (LFI) de Paris Danièle Obono a dénoncé une situation "préoccupante et indigne, puisqu'elle plonge dans une précarité extrême des centaines de personnes à l'arrivée de l'hiver". "La police a d'autres missions à accomplir. Son utilisation en réponse à la précarité et à l'errance est un non sens absolu. Une insulte à la raison", a réagi Pierre Henry, président de l'association France fraternités.