Une église contrainte d'arrêter d'abriter des SDF la nuit

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Le père Riffard hébergeait des sans-abris depuis une dizaine d'années contre l'avis des autorités. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP , modifié à
Depuis des années, le père Riffard offrait l'asile à des dizaines de personnes sans-abris la nuit dans une église de Saint-Etienne. 

Une église de Saint-Etienne va cesser mardi d'héberger de nuit des sans-abris, ce qu'elle faisait depuis une dizaine d'années contre l'avis des autorités, a-t-on appris auprès de l'Évêché et du parquet.

"Une décision que je ne cautionne pas". Le père en retraite Pierre Riffard, 71 ans, a annoncé la nouvelle au cours de la messe dominicale à l'église Sainte-Claire, concernant l'activité d'une association d'aide aux démunis qu'il anime et pour laquelle il a fait l'objet de poursuites judiciaires. "C'est une décision que je ne cautionne pas, qui a été acceptée par l'évêque et le vicaire général sous la pression du procureur de la République et du préfet. Sinon, on risquait de perdre l'usage de nos locaux même en journée", a déclaré le père Riffard.

Pas de portes coupe-feu. L'association Anticyclone "est un centre d'hébergement d'urgence qui a des dispositifs de sécurité mais pas de porte coupe-feu comme on nous le reproche, entre autres (...) Nous plaçons le droit à ne pas dormir dehors au-dessus du code de la construction", a-t-il poursuivi. Le procureur de la République à Saint-Etienne, Jean-Daniel Regnauld, a confirmé être à l'initiative de cette injonction, pour "faire cesser une infraction qui dure déjà depuis trop longtemps".

24 personnes sans solution d'accueil. D'après le père Riffard, sur les quelque 70 personnes qui dorment actuellement dans une salle de l'église, pour l'essentiel de jeunes hommes originaires d'Afrique de l'Ouest, une trentaine auront un logement proposé par la préfecture et quinze autres une place à l'asile de nuit de la ville. Mais 24 personnes, dont des déboutés du droit d'asile, resteront sans solution d'accueil. Le père Riffard, poursuivi au civil pour avoir enfreint un arrêté municipal en hébergeant les réfugiés, avait été relaxé en première instance en juin 2014 par le tribunal de police de Saint-Etienne.

La cour d'appel de Lyon, appelée à statuer à son tour sur le religieux, s'était déclarée incompétente en janvier 2015, renvoyant le dossier devant le parquet.