Tatiana Brillant, ancienne négociatrice du RAID : "Les gens ne s'attendent pas à avoir une femme en face d'eux"

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Tatiana Brillant, ancienne négociatrice du RAID, sort un livre sur son expérience au sein de l’unité d’élite. Elle raconte au micro de Wendy Bouchard la difficulté et sa passion pour ce métier à hauts risques. "Il faut être patient, avoir envie de communiquer pour résoudre des crises, avoir un savoir-être et avoir une certaine technique", explique-t-elle. 
INTERVIEW

Elle a été négociatrice du RAID pendant plusieurs années. Tatiana Brillant a raconté son expérience au sein de l’unité d’élite dans un livre, La voix du Raid, sorti en novembre dernier. Elle a évoqué son ancien métier, avec pudeur et humilité, samedi soir sur Europe 1. "On peut négocier avec un terroriste, on l’a fait et on l’a prouvé parce qu’on a sauvé des otages. Avec cette vague d’attentats, on est passé à autre chose. Ça n’a pas participé à mon départ, mais j’arrivais au bout d’une aventure. On avait des contrats de 15 ans, j’avais envie de maîtriser mon départ. Mais on est toujours dans ce métier par la pensée", assure-t-elle au micro de Wendy Bouchard, avant d'expliquer que son statut de femme négociatrice l'a parfois aidée.

"Il faut être patient"

Mais comment devient-on négociateur du RAID ? "On le devient, c’est une profession qui s’apprend et qui ne s’improvise pas. Il faut être patient, avoir envie de communiquer pour résoudre des crises, avoir un savoir-être et avoir une certaine technique", estime Tatiana Brillant. "Quand on est négociateur, ça suppose de l’exercer dans des forces d’intervention, je suis donc devenu commandant de police. J’ai également été formée à la psychologie et à la psychiatrie criminelle", poursuit-elle.

Tatiana Brillant a géré beaucoup de situations de crise, à raison, parfois, de deux ou trois par mois. "Heureusement, on n’est pas tous les jours sur des situations à forte intensité. Mais peut avoir deux ou trois sorties par mois."

Quand une femme est négociatrice, "il y a moins de violence"

Une fois arrivée sur place, elle va alors entrer en contact avec le forcené, pour tenter de comprendre le motif de son passage à l’acte. "L’idée c’est de mettre en avant l’option de la négociation. En fonction du profil ou de l’interlocuteur qu’on a en face, il n’est jamais là par hasard. Il s’est toujours produit quelque chose qui fait qu’il en est arrivé là. On va essayer d’abord de trouver l’élément déclencheur, et ensuite on se concentre sur l’instant T." Dans son livre, elle raconte avoir négocié pendant plus de dix heures. "Ça se fait souvent derrière la porte, ou alors avec la porte ouverte. Le porte-voix est le vecteur de communication qu’on aime le moins, parce qu’on y met moins d’empathie."

Tatiana Brillant explique également qu’être une femme facilite les négociations. "Ça annihile le rapport de force, parce que les gens ne s’attendent pas à avoir une femme en face d’eux. Il y a moins de violence et ils ne nous toisent pas, ils ne nous disent pas ‘viens te battre’."