Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach ce dimanche. 4:28
  • Copié
, modifié à
Invité d'Europe 1, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, est revenu sur l'installation prévue ce dimanche d'un Conseil national des imams. Ce projet, insiste-t-il, "est indispensable pour le culte musulman, mais aussi pour toute la société française". 
INTERVIEW

Les acteurs du projet décrivent un moment historique. Dimanche, la Grande Mosquée de Paris et trois fédérations doivent installer un Conseil national des imams (CNI). L'objectif de cette instance est notamment de donner un agrément aux imams exerçant en France. Invité d'Europe 1, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a défendu l'importance de ce projet. 

Ce CNI est "indispensable pour le culte musulman, mais aussi pour toute la société française", assure-t-il au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Car les Français "s'interrogent souvent d'où viennent les imams et sur comment ils sont formés. Ils vont le savoir". 

"Constituer le statut des imams"

Cette nouvelle instance s'adresse-t-elle à tous les imams ? "Ce n'est pas uniquement la Grande Mosquée qui installe le CNI, nous sommes une coordination composée de quatre fédérations. Ce n'est pas notre propriété", rappelle Chems-Eddine Hafiz. Les trois fédérations sont le Rassemblement des Musulmans de France, Musulmans de France (ex-UOIF) et la Fédération Française des Associations Islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA). "On veut essayer de rassembler, non pas d'exclure." 

La présence des Musulmans de France, issue de l'UOIF proche des Frères musulmans, pourrait-elle poser problème ? "Ils ont signé la charte (des principes pour l'islam de France) sans hésiter, en même temps que nous et devant le président de la République. Dois-je leur faire un procès d'intention ?", répond le recteur de la Grande Mosquée, assurant vouloir travailler avec eux. 

Dans le cadre du CNI, les imams seront formés par "des enseignants", explique Chems-Eddine Hafiz. Par ailleurs, l'instance a aussi pour but "constituer le statut des imams". "Il va former des imams pour permettre aux musulmans de France d'être encadrés, d'avoir des personnes compétentes qui ont les capacités intellectuelles nécessaires pour répondre à leurs questions spirituelles." 

L'Islam de France divisé, le CFCM va lancer un autre Conseil

Reste que la création de ce CNI ne s'est pas fait sans heurts et divisions. De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM), dont la Grande Mosquée et les trois autres fédérations avaient claqué la porte en mars sur fond de désaccord autour de la "Charte des principes pour l'islam de France, a lui aussi annoncé la création d'un CNI. Et appelé "l'ensemble des instances départementales du culte musulman à se réunir en congrès, le 12 décembre 2021, pour la mise en place effective du Conseil National des Imams." Et de dénoncer "l'initiative unilatérale" des quatre fédérations dissidentes, tout en estimant que "la légitimité" du CNI "ne peut être acquise que sous l'égide du CFCM et avec la participation de l'ensemble de ses fédérations ainsi que l’implication de toutes les structures régionales et départementales."

"Je ne cherche pas la légitimité", élude Chems-Eddine Hafiz, qui dénonce "une manœuvre" de la part du CFCM. "Jamais le CFCM n'a eu pour prérogative de créer le Conseil national des imams", estime-t-il.