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Romane Hocquet, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Un rapport sur les 1.000 premiers jours de l’enfant, dirigé par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et remis au secrétaire d’Etat à l’Enfance Adrien Taquet, préconise de rallonger le congé paternité à deux mois. Qu’en pensent les principaux intéressés ? Europe 1 est allée rencontrer de jeunes papas à la sortie d’une maternité parisienne.
REPORTAGE

De 11 jours à plus de deux mois… C’est le changement radical que le congé paternité devrait subir, selon un rapport remis mardi à Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance. Le texte, dont la rédaction a été dirigée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, préconise en effet, entre autres propositions, un arrêt de neuf semaines pour les jeunes papas après la naissance de leur enfant. Qu’en pensent les principaux intéressés ? Europe 1 est allée les rencontrer à la sortie d’une maternité parisienne.

"Je vous présente Paul qui est né il y a trois jours. J'aurais bien aimé avoir l'esprit libre de mon travail pendant plus longtemps, mais je me reconnecte à mes mails. Déjà, je suis un petit peu moins là." Avec son bébé dans les bras, Thomas parade devant la maternité. Il a onze jours pour profiter de son fils avant de reprendre le travail et de laisser sa compagne seule.

"Permettre à la jeune maman d'être moins fatiguée"

Alors un congé paternité de deux mois serait une belle avancée, salue le jeune papa. "En fait, c'est un partage égalitaire, pour un peu épauler la jeune maman, lui permettre d'être moins fatiguée et de pouvoir s'investir dans des choses plus sympathiques, comme l'attachement, l'éducation, plutôt que d’être dans le quotidien, d’être complètement crevée et de juste gérer les besoins immédiats."

Ce congé permettrait aussi de dégager plus de temps pour créer du lien entre le père et son enfant. Mais dans la pratique, certains doutent de leurs capacités. "Savoir si je vais pouvoir rester deux mois à ne faire que m’occuper de mon bébé, ça gigote un peu tous nos clichés", admet ainsi Cédric. "Oui, en tant qu'hommes, c'est une vraie interrogation, vraiment."

"Quand on est un homme avec un certain niveau de responsabilité, ce n'est pas bien vu"

Un autre obstacle risque de venir de l’employeur lui-même. Certains papas ne sont pas prêts à assumer les risques d’un congé trop long. "J'en verrai toutes les conséquences par la suite, c’est-à-dire être placardisé, subir un frein dans mon évolution de carrière", craint ainsi Alain. "Quand on est un homme avec un certain niveau de responsabilité, aujourd'hui, ce n'est pas bien vu."

Si Alain se contentera des onze jours réglementaires, sa femme a elle décidé d'interrompre sa carrière pour leurs trois enfants.