Gérald Darmanin 1:21
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William Molinié, édité par Gauthier Delomez / Crédits photo : Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP , modifié à
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé ce mardi aux préfets d'interdire toutes les manifestations d'ultradroite, trois jours après un rassemblement polémique à Paris. Mais cette demande risque d'être difficile à mettre en œuvre en réalité en raison de plusieurs paramètres.

La manifestation parisienne d'ultradroite sera-t-elle la dernière en France ? C'est en tout cas le souhait du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a demandé mardi aux préfet d'interdire tous les rassemblements de ce genre quelques jours après la tenue d'une manifestation polémique à Paris. Mais en réalité, cette directive sera difficile à respecter car en France, la liberté de manifester est la règle, et la restriction est l'exception.

Lorsqu'un préfet prononce une interdiction à la demande du ministre de l'Intérieur, les organisateurs peuvent déposer un recours. In fine, c'est bien au juge administratif d'apprécier la légalité de cette interdiction. Celle-ci peut être justifiée, notamment lorsqu'elle s'appuie sur des risques de troubles graves à l'ordre public.

Il y a quelques mois, Laurent Nunez avait pris un arrêté d'interdiction d'une manifestation de l'ultradroite. Mais le tribunal administratif s'y est opposé car il a estimé que l'État n'apportait pas suffisamment la preuve de risque de troubles graves à l'ordre public. Interdire une manifestation uniquement sur la base d'une couleur politique ou idéologique est illégal, souffle un haut fonctionnaire. Sans compter que l'ultradroite, tout comme l'ultragauche, ne sont pas des entités homogènes.

L'ultradroite n'est pas une entité homogène

Il faut donc que l'État prouve que la manifestation visée a déjà été émaillée de débordements. Or, toutes les manifestations dites de l'ultradroite n'ont pas forcément généré précédemment ce type de violence. D'ailleurs, tout comme l'ultragauche, l'ultradroite n'est pas une entité homogène. C'est là toute la complexité du sujet.

Alors, les services de renseignement ont fait une sorte de classification. En clair, ils rangent dans ces deux notions tous les groupes, associations, mouvances ou mouvements susceptibles de recourir à la violence physique. Une définition qui reste très large, et qui ne repose que sur les analyses et les projections du renseignement. Or, la justice administrative s'appuie elle sur des faits et non des intentions.