Gérald Darmanin 2:48
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Gwladys Laffitte et Jean-Luc Boujon, avec AFP , modifié à
Le parquet de Clermont-Ferrand a annoncé mercredi matin la mort de trois gendarmes, tués par un forcené à Saint-Just, dans le département du Puy-de-Dôme. Un quatrième membre des forces de l'ordre a également été blessé. Le tireur a été retrouvé mort un peu plus tard. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est rendu sur place.

Trois gendarmes ont été tués et un quatrième blessé par un forcené dans un hameau isolé près de Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme, dans la nuit de mardi à mercredi. Les militaires, qui appartenaient à la compagnie d’Ambert, ont été blessés mortellement par arme à feu par un homme de 48 ans, alors qu’ils tentaient de porter secours à une femme ayant trouvé refuge sur le toit d’une maison après avoir été frappée à la tête par son compagnon. Europe 1 a appris en début de matinée que le tireur, en fuite, a finalement été retrouvé mort. Europe 1 fait le point sur ce que l'on sait du drame.

Une femme réfugiée sur un toit

C'est la femme menacée qui a alerté les secours, via une amie, à 20H52, alors qu'elle était sans ses deux filles nées d'une précédente union. Lors d'une conférence de presse, le procureur de la République de Clermont-Ferrand Éric Maillaud a indiqué que la chronologie des faits était loin d'être établie. Une première patrouille dépêchée sur place aurait distingué une arme et demandé des renforts. Le tireur incendie ensuite sa maison. Des lors, la priorité c'est "de sauver une femme des flammes et d'un conjoint potentiellement violent", a indiqué le magistrat.

"Une scène de guerre"

Le forcené aurait ouvert le feu sans menaces préalables sur les gendarmes, dont on ne sait pas encore dans quel ordre ils ont été touchés. L'auteur des coups de feu mortels a finalement été retrouvé mort au matin par des hommes du GIGN, à proximité directe de son véhicule, aux alentours de la maison. "Il y a toutes les raisons de penser qu'il s’est suicidé", a indiqué le procureur.

Le procureur a décrit "une scène de guerre" à l'arrivée des gendarmes sur les lieux avec la maison brulée, et des centaines de douilles tirées à la fois par les gendarmes mais aussi et surtout par le forcené. 

Trois victimes, âgées de 21 à 45 ans

Les trois gendarmes tués appartenaient à la compagnie d'Ambert où ils vivaient depuis plusieurs années. Les victimes sont le brigadier Arno Mavel (21 ans), le lieutenant Cyrille Morel (45 ans), père de deux enfants, et l'adjudant Rémi Dupuis (37 ans), lui aussi père de deux enfants. 

Arrivé sur place dans la matinée, Gérald Darmanin a évoqué "une intervention courageuse et héroïque." "Ils sont morts dans des conditions particulièrement ignobles", a déclaré le ministre de l'Intérieur, estimant que "les forces de l'ordre connaiss[ai]ent par ce drame l'un des événements les plus tragiques de leur histoire". Il a rappelé que depuis le début de l'année onze membres des forces de l'ordre sont morts en opération.

"Je pense aux familles, je connaissais l'une des victimes. C'est une commune de 7.000 habitants, il y a des liens, de la confiance", a réagi auprès d'Europe 1 le maire François Chautard. "Trois morts, ça n'est pas envisageable. Nous sommes catastrophés !" 

Le profil du tireur, "extrêmement inquiétant"

Le suspect, Frédérik Limol, âgé de 48 ans, était arrivé dans la région depuis 4 ans, il suivait une formation d'élagueur. Lors des faits, il était "surarmé", a indiqué le procureur. Quand les gendarmes l'ont découvert, après qu'il se soit donné la mort, l'homme portait un gilet pare- balles, et était armé d'un pistolet automatique Glock, mais aussi d'un fusil automatique américain, une arme de guerre équipée d'un silencieux, d'une torche et d'un dispositif à visée laser.

Le procureur évoque un profil "très inquiétant". "Il pratiquait le tir en compétition (...) il se disait catholique très pratiquant, presque extrémiste, survivaliste. Il était persuadé de la fin du monde prochaine", a-t-il ajouté. Frédérik Limol portait aussi à sa ceinture quatre couteaux quand il a été retrouvé mort. 

Très choquée, la compagne du tireur est hospitalisée et n'a pu être interrogée par les enquêteurs. Le parquet n'était pas informé de l'existence de violences familiales. En revanche, Frédérik Limol était en litige avec sa précédente épouse, pour des raisons de non-paiement de pension alimentaire et de garde de leur fille de 7 ans.