Tests anti-discrimination : comment cela va-t-il se passer dans les grandes entreprises françaises ?

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Anne-Laure Jumet, édité par A.H.
Emmanuel Macron a demandé aux 120 plus grandes entreprises françaises de "prendre leur part" dans la lutte contre le chômage dans les banlieues, et annoncé qu'elles seraient soumises à des tests anti-discrimination.

Les grandes entreprises vont être mises à contribution pour améliorer la situation dans les banlieues. Mardi, Emmanuel Macron a annoncé que les 120 premières entreprises françaises cotées en bourse seront toutes soumises à des tests anti-discrimination dans les trois ans. 

Un nom à consonance étrangère, une femme… Quarante sociétés vont être ciblées tous les ans. Le principe est d'envoyer deux CV, comparables sur le plan des compétences et du cursus, mais où le nom diffère. Dans un cas, il est de consonance étrangère, dans l'autre, non. Lors du quinquennat précédent, le gouvernement avait aussi lancé un testing à plus petite échelle. Résultat : 12 sociétés sur 40 avaient été épinglées pour discrimination envers des candidatures "maghrébines". Il sera aussi possible de tester la candidature d'un homme et celle d'une femme. Par ailleurs, l'expérimentation concernera à la fois des postes d'employés et de managers.

"Nommer et faire honte". Emmanuel Macron veut ensuite publier les résultats obtenus. Ainsi, les mauvais élèves seront épinglés. Baptisée "Name and shame" (nommer et faire honte, ndlr), cette pratique est très en vogue dans le monde anglo-saxon et entend faire cesser ces pratiques. L'Elysée précise qu'une fois ces résultats publiés, un suivi sera mis en place pour s'assurer que des efforts sont entrepris. Lors du testing effectué sous François Hollande, le gouvernement n'avait pas tout de suite désigné les entreprises prises en faute, afin de leur donner le temps de réajuster leur politique de recrutement. Toutefois, trois mois plus tard, deux entreprises étaient nommées - AccorHotels et Courtepaille - comme n'ayant pas mis en place des politique suffisantes pour lutter contre les discriminations.

"Il ne faut pas se tromper de combat". L'annonce de cette mesure n'a pas convaincu certains grands patrons, à l'image de Michel-Edouard Leclerc, patron des centres Leclerc. Interrogé par Europe 1, il considère que l'Etat "ne peut pas se décharger sur les entreprises". "Tester les entreprises, ce n'est pas résoudre le problème des banlieues. Vous pouvez trouver tous les défauts que vous voulez aux entreprises, ça ne résoudra pas les problèmes de sécurité, d'image, d'équipements collectifs… Il ne faut pas se tromper de combat. Bien sûr, on peut mieux faire. Mais on ne fera pas l'économie d'une revisitation du rôle de l'Etat et des collectivités locales", poursuit celui qui ne signera pas de charte, Leclerc ne faisant pas partie des 120 entreprises françaises cotées en bourse.

La première vague de testing doit démarrer en septembre 2018. Si les grandes entreprises sont les premières ciblées, les administrations seront aussi concernées dans un second temps. Mais les modalités restent à définir.