"Task force" anti-Daech, de quoi parle-t-on ?

La "task force" sera installée directement à l'Élysée (photo d'illustration).
La "task force" sera installée directement à l'Élysée (photo d'illustration). © AFP
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M.L
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le Centre national de contre-terrorisme chargé de piloter l'ensemble des services de renseignement a été officiellement créé, mercredi.

Au lendemain de l'attentat des Champs-Élysées et à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de créer une "task force anti-Daech" à l'Élysée. Un mois après le début de son mandat, et quelques jours après l'attentat de Londres, c'est un "Centre national du contre-terrorisme" qui a officiellement vu le jour, mercredi, après validation par le Conseil de défense. Europe1.fr fait le point sur cette nouveauté.

  • Pourquoi crée-t-on cette "task force" ?

"L'idée de base, c'est de muscler la coordination du renseignement", explique Didier François, journaliste spécialiste des questions de Défense pour Europe 1. "Cette dernière existe depuis bientôt dix ans, mais reste très embryonnaire, parce que le conseil national du renseignement (CNR), qui en la charge, est une toute petite structure, d'une dizaine de personnes, qui n'a pas grand poids et qui ne se réunit en séance plénière que deux ou trois fois par an." Un diagnostic confirmé par Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, qui estimait il y a quelques jours que le coordonnateur du CNR "n'a pas la puissance qu'aura demain le responsable de la task force." Et d'évoquer le "manque de renseignement territorial" qu'a entraîné la centralisation du renseignement, alors que, par exemple, "l'Éducation nationale peut être une source de renseignement sur la radicalisation." Le CNR ne disparaît pas pour autant et la "task force" lui sera intégrée, pour plus d'efficacité. 

  • Quelles seront ses missions ?

Selon le gouvernement, le nouveau Centre sera chargé du "pilotage stratégique des services de renseignement", pour s'assurer de leur bonne coordination. Il devra aussi "proposer au président des plans d'action concertés sur l'action des services de renseignement" et "rendra compte chaque semaine au Conseil de défense, où s'élabore la stratégie de lutte contre le terrorisme". Objectif affiché : que des décisions "puissent être prises dans la demi-heure", en consultant tous les services spécialisés en un seul et même endroit et sous la houlette d'Emmanuel Macron.

Deux précisions doivent cependant être apportées. D'abord, la "task force" ne sera "en aucun cas" chargée de la direction opérationnelle des différents organes de lutte antiterroriste. "On cherche à fluidifier l'analyse du renseignement, pas la recherche, qui, elle, reste l'apanage des différents services", explique Didier François. Ensuite, cette création ne vise en aucun cas à "créer une nouvelle couche de décision", prévient l'Élysée. Le Centre vise au contraire à davantage d'efficacité, pour fournir au chef de l'État une évaluation de la menace terroriste actualisée en temps réel.

  • Qui la composera ?

Cette "task force" sera dirigée par Pierre de Bousquet de Florian, président de Civipol, société de conseil et de services liée au ministère de l'Intérieur, et ancien numéro un de la Direction de la Surveillance du territoire (DST). Dans un premier temps, elle comptera une vingtaine de personnes, des représentants des différents services et des analystes. À terme, l'Elysée a affiché l'objectif d'une structure comprenant "50 à 60 personnes" pour collecter toutes les informations auprès des responsables des différents services.

  • Quelle différence avec le conseil de défense ?

La task force ne changera rien aux habitudes de ce Conseil, qui "se réunit chaque semaine, le mercredi, depuis l'attentat de Nice", explique Didier François. "Le président y restera entouré de ses ministres, des chefs des armées et des services, pour décider des opérations et des orientations." Le nouveau Centre national du contre-terrorisme fera, selon l'expert, figure de "super secrétariat" de ce Conseil, pour permettre des réactions plus rapides. "Il fonctionnera sept jours sur sept, 24 heures sur 24, pour s'assurer que les décisions du président soient bien suivies d'effet."