Treize organisations professionnelles et sociétés savantes clament d'une seule voix leur refus de participer à une aide active à mourir. 1:50
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Alexandra Jaegy
Alors que la question de l'euthanasie et du suicide assisté fait débat jusqu'à l'Élysée, treize organisations professionnelles et sociétés savantes, représentant 800.000 soignants de tous les horizons, clament d'une seule voix leur refus de participer à une aide active à mourir. Un appel qui sonne comme un avertissement au chef de l'État, qui souhaite une convention citoyenne.

L'aide active à mourir est-elle moralement recevable ? Si celle-ci est pratiquée dans plusieurs pays voisins de la France, la question continue de diviser les professionnels et les politiques dans l'Hexagone. Emmanuel Macron a ouvert le débat sur l'euthanasie et le suicide assisté à la rentrée, créant cette semaine une démarche d'une ampleur inédite : le refus commun de treize organisations professionnelles et sociétés savantes de participer à la mise en place d'une telle mesure. Ce refus, qui englobe 800.000 soignants, sonne comme un avertissement au chef de l'État pour le docteur Gaël Durel.

Une transformation radicale

Le médecin, co-auteur de La vie éthique, fait partie de l'Association nationale des médecins coordonnateurs en Ehpad. "À partir du moment où le président de la République demande une convention citoyenne, nous, en tant que soignants, nous estimons de notre devoir de l'alarmer. Le conseil de l'Ordre va devoir changer le serment que chaque médecin porte : 'Je ne porterai pas la mort'. C'est vraiment une transformation radicale et fondamentale de notre système de santé", explique-t-il.

Le docteur rappelle que si une telle loi devait passer, cela irait à contre-sens de la nature même du travail de soignant, qui ne peut être autre chose que de soigner. "Donner la mort n'est pas un soin. Actuellement, 90% des personnes qui ont effectué une demande de mort explicite. On leur laisse le temps, en apportant des soins pour soulager leur souffrance, de reconsidérer leur avis. Dans 90% des cas, ces personnes-là ne reformuleront pas leur demande", ajoute-t-il.

La question du consentement éclairé

Les critères de la mise en place d'une aide active à mourir posent de nombreuses questions, notamment sur la durée dans le temps d'une telle décision. Par exemple, si un résident d'Ehpad signe une directive anticipée mais qu'elle souffre de démence des mois plus tard. Toute personne de confiance demanderait à ce que cette directive puisse être appliquée sans laisser de possibilité au résident d'Ehpad de changer d'avis.

"C'est comme si on leur retirerait une citoyenneté. Modifier profondément cette notion de soins et quelque chose de grave", conclut le professionnel.