Vincent Bolloré 1280 ERIC PIERMONT / AFP 1:30
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avec AFP , modifié à
L'industriel breton a été placé garde à vue mardi matin à Nanterre dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption en Afrique.

Le milliardaire breton Vincent Bolloré a été placé en garde à vue mardi dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), à Nanterre, dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption autour de l'attribution de concessions portuaires en Afrique de l'Ouest, ont indiqué des sources proches du dossier, confirmant une information du Monde.

Confiée aux juges financiers Serge Tournaire et Aude Buresi, cette information judiciaire, portant sur des soupçons de "corruption d'agent public étranger", a pris la suite d'une enquête préliminaire ouverte en juillet 2012 par le parquet de Paris, puis transférée au parquet national financier. Une perquisition avait déjà eu lieu en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, en particulier dans les bureaux de Vincent Bolloré, alors PDG du groupe. 

De quoi le groupe de Vincent Bolloré est-il soupçonné ?

L'homme d'affaires est entendu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris qui vise à déterminer si le groupe Bolloré a utilisé ses activités de conseil politique pour obtenir la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée. Le directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, le responsable du pôle international de la société de communication Havas, détenue par Bolloré, ont également été placés en garde à vue mardi à Nanterre aux côtés de leur patron, a appris l'AFP de source judiciaire, confirmant une information du Monde.

C'est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de Vincent Bolloré. Francis Perez comptait parmi ses relations Jean-Philippe Dorent, qui s'est notamment occupé en 2010 de la campagne présidentielle guinéenne du candidat Alpha Condé. Élu président en novembre 2010, Alpha Condé avait résilié le 8 mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma, une filiale de l'armateur français NCT Necotrans. Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux.

Un peu plus tôt, au Togo en 2009, quelques mois avant l'élection du président Faure Gnassingbé, le groupe Bolloré obtient la concession portuaire pour 35 ans du port de Lomé. Un marché contesté par l'un de ses concurrents. Dans les deux cas, la société de communication Havas aurait fourni des conseils aux deux présidents nommés. Des conseils possiblement sous-facturés.

Comment réagit le groupe Bolloré ?

"Le groupe Bolloré dément formellement que sa filiale de l'époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence", déclare dans un communiqué le groupe français.

Comment réagissent les marchés ?

Conséquence immédiate du placement en garde à vue de son patron, le groupe Bolloré a plongé de 5% au Cac 40 mardi matin. À 11h59, le titre perdait 5,02% à 4,24 euros, dans un marché à l'équilibre (-0,09%). La valeur avait ouvert à l'équilibre à 4,46 euros et ne s'en était pas vraiment éloignée depuis l'ouverture jusqu'à ce que le marché prenne connaissance de la nouvelle en fin de matinée.

Et le démenti formel du groupe qui a suivi n'enrayait pas l'érosion du cours de l'action.