Le film "Les Segpa" dans les salles depuis mercredi fait déjà polémique. 1:35
  • Copié
Louise Sallé, édité par Laura Laplaud
Le film "Les Segpa", adapté de la websérie du même nom, est sorti en salles mercredi. Les professeurs qui enseignent en section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa) reprochent au film de véhiculer une image négative et de multiplier les clichés. Un ressenti partagé par les élèves du collège Guillaume Apollinaire à Paris, dans le 15e arrondissement.

Le film Les Segpa vient tout juste de sortir en salles, et il crée déjà la polémique. Il dépeint une image soi-disant négative des collégiens en section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa) et multiplie les clichés : élèves cancres, pas intelligents, grossiers, qui ne veulent rien faire de leur vie… C’est en tout cas le ressenti des élèves de 3e en classe Segpa au collège Guillaume Apollinaire à Paris, dans le 15e arrondissement. 

Une image négative véhiculée dans le film

Devant la grille de l’établissement, à la pause déjeuner, Dylan et Kylian discutent, sweat à capuche et mains dans les poches. Ils ont visionné les extraits et la bande-annonce du film sur internet. Et s’inquiètent des conséquences. "Ça peut donner une mauvaise image de nous et ça ne reflète pas la réalité", déplore Dylan. "Personnellement ça me frustre un peu parce qu’on a largement le niveau pour aller en général, on est quasiment comme tous les autres élèves", renchérit Kylian. "Mais à cause de nos petits défauts, on est là à se faire ramasser sur des films comme ça…", lâche-t-il amèrement. 

"On ne compte pas rien faire dans la vie"

Les classes Segpa suivent le même programme que les autres collégiens et passent le brevet. Elles sont en effectif très réduit, avec des professeurs spécialisés en maths, français et histoire-géo pour revenir plus longuement sur certaines difficultés. Et en classe, insiste Bilal, c’est loin d’être la foire parmi les 15 élèves.   

"Quand on dit "Segpa", c’est toujours des élèves qui sont stupides - excusez-moi-, qui ne font rien et qui ne comptent rien faire dans leur vie…", déclare-t-il. "Alors que non au contraire on s’investit, on essaie de faire de notre mieux, on participe à diverses activités. Par exemple, on est allé récemment dans un lycée professionnel pour faire de la cuisine, du service, etc", explique l’adolescent. 

Les moqueries sur les Segpa ne datent pas de ce film. Mais pour la directrice adjointe du collège, Sylvie Rabier, utiliser cet acronyme en titre aggrave leur réputation : "J’ai déjà eu des réactions d’élèves qui sont venus me voir en disant qu’un professeur les appelait "les Segpa." Un surnom qu'ils ne supportent pas, "c’est stigmatisant pour eux", observe-t-elle.

Les enseignants craignent aussi qu’en visionnant ce film, de nombreux parents s’opposent à inscrire leurs enfants en classe Segpa.