Sida : "On appelle Emmanuel Macron à être le premier de cordée pour financer la lutte"

Aurélien Beaucamp 1280
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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe 1 Matin à la veille de l'ouverture de la conférence internationale sur le Sida, Aurélien Beaucamp, président de l’association Aides, rappelle que même si la recherche avance, les financements doivent augmenter. 
INTERVIEW

La lutte est loin d'être terminée. C'est le message d'Aurélien Beaucamp, président de l'association Aides France, invité d'Europe 1 Matin vendredi. Même si le rapport Onusida dévoilé mercredi révèle que trois porteurs du sida sur cinq ont maintenant accès aux traitements, une couverture jamais atteinte, il faut que les financements pour la recherche augmentent au risque de "perdre tous les bénéfices" acquis depuis plusieurs années. 

30 millions de personnes avec un traitement d'ici 2020. "Depuis une dizaine d'années, on est monté à l'échelle", rappelle Aurélien Beaucamp au micro d'Europe 1. "36 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, et 22 millions ont des traitements. C'est un chiffre que l'on n'a jamais atteint", se félicite le président d'Aides France. "Mais le problème est que notre objectif pour 2020 est d'atteindre les 30 millions de personnes sous traitement, un gap qui a vocation à contrôler l'épidémie. Il faut donc une accélération des financements d'ici deux ans pour pouvoir atteindre 8 millions de personnes en plus". 

"On n'en guérit toujours pas". Paradoxalement, la réussite des campagnes de prévention et les avancées dans la recherche peuvent avoir un effet négatif : "On est dans une communication paradoxale dans les sociétés occidentales. On dit que les traitements sont efficaces, que les personnes vivent très bien avec le VIH, mais il faut rappeler que ce n'est pas anodin", analyse Aurélien Beaucamp. "On parle de sexualité et il y a une espèce de jugement de moralisation à partir du moment où l'on parle du sexe. (...) Au niveau international, un million de personnes meurent tous les ans parce qu'on n'a pas assez de traitements et puis on n'en guérit toujours pas", martèle le spécialiste. "On a tendance à penser que l'on a trop donné pour lutter contre le VIH, que ça suffit. Mais si l'on veut éradiquer le virus, ce n'est pas le cas". 

La France, leader dans la lutte contre le sida ? "Ces dernières années, ce sont les pays avec des revenus faibles et intermédiaires qui ont augmenté de façon considérable l'aide au développement d'un traitement, il faut que les pays riches augmentent aussi les financements. Il faut un leadership politique beaucoup plus important", explique l'expert. "On appelle Emmanuel Macron à être le premier de cordée pour financer la lutte". Un message que l'Elysée semble avoir d'ores et déjà entendu, puisque l'Elysée annonçait en mai dernier que la France va accueillir la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, en 2019. Une première.