Sexualité : pourquoi est-il si difficile de se remettre en selle après une rupture ?

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Mercredi, dans "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc s'est penchée sur la culpabilité qui étreint certaines personnes à l'idée d'avoir de nouveau des rapports sexuels après une rupture.

Pourquoi est-il si difficile de tourner la page ? Après une rupture, faire de nouvelles rencontres n’est pas toujours aisé. Souvent, le souvenir de l’autre plane encore, vient parasiter la nouvelle relation que l’on tente de construire. Vendredi, dans Sans Rendez-Vous sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc s'est penchée sur ce sentiment de culpabilité qui peut nous étreindre quand il s’agit d’oublier celui/elle qui est parti.

La question de Simone

"Après 20 ans de vie maritale aimante, donnant lieu à deux enfants, mon mari m’a quitté. Il m’aura fallu plusieurs mois pour éponger tantôt mon chagrin, tantôt ma colère. Depuis peu je vais mieux, j’ai cessé de vivre dans l’illusion de son retour, à tel point que j’ai eu une aventure qui s’est avérée être délicieuse, ce qui n’était pas vraiment le cas avec mon mari. Et pourtant, je me sens très coupable. J’ai l’impression d’avoir commis un adultère."

La réponse de Catherine Blanc

"Cette situation raconte moins une histoire de couple qu’un rapport à la sexualité. À partir du moment où elle éprouve du plaisir, elle pose quelque chose qui serait coupable. La porte s’est ouverte depuis que son mari est parti, et se pose la question d’écrire sa sexualité. Ce sont des culpabilités qui n’ont rien à voir avec la vie d’adulte et la vie maritale, mais bien avec la lecture qu’elle a de la sexualité depuis qu’elle est enfant, dans son rapport à ses parents, à la société.

Pourquoi se sentir coupable de faire des rencontres quand on est redevenu célibataire ?

Symboliquement, elle a peut-être l’impression d’avoir trompé d’autres personnages. Dans certaines familles on a l’impression qu’une femme qui fait l’amour est une femme de petite vertu. Tout d’un coup, en faisant l’amour avec un homme hors mariage, elle devient une femme qui trompe des codes moraux familiaux, voire religieux.

Il y a aussi une culpabilité à renoncer au machisme de souffrir éternellement l’absence de l’autre. L’autre doit rester ce que je m’en étais dit : l’homme de ma vie, le père de mes enfants, la chaire de ma chair. Tout d’un coup ma chaire s’ébranle, s’émeut avec quelqu’un d’autre qui n’est peut-être que de passage. De là une grande culpabilité.

Pourquoi celui/celle qui nous a quitté continue de nous hanter malgré nos nouvelles rencontres ?

On est tous différent. Il y a des gens qui sont capables de garder un souvenir extrêmement frais, de l’alimenter régulièrement, c’est une manière de ne pas accepter le réel de l’autre qui est parti. Ces personnes ont une idée de leur amour au-delà de ce qu’il était en réalité. Elles retiennent les bons moments de manière masochiste. Se sentir coupable après une nouvelle rencontre est une façon de raccrocher celui qui est parti à soi, de le porter en soi, d’exister à travers le coté femme-douleur, pendant que l’autre vaque à sa vie sexuelle. Il est le salaud, il est celui qui est aller faire l’amour ailleurs. Si je me mets à le faire aussi, à prendre du plaisir, je le deviens aussi. D’où la difficulté à assumer cette découverte-là. Car cela arrête d’accuser l’autre.

Est-il nécessaire de se donner du temps après une rupture avant de faire de nouvelles rencontres ?

Il n’y a pas de règle. Il y a des gens qui ont besoin de faire des rencontres pour se dire qu’il y a d’autres possibles, et après ils feront ce qui aura le plus de sens pour eux. D’autres ont besoin d'asseoir des qualités relationnelles pour réparer les blessures d’une relation qui n’était pas de qualité précédemment."