Sentinelle se prépare au retour de djihadistes sur le sol français

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avec AFP , modifié à
Après la reprise de Raqqa des mains de l'Etat islamique, l'armée française s'attend à voir revenir sur le territoire des combattants français du califat.

L'armée se prépare au retour éventuel en France de djihadistes du groupe Etat islamique (EI), a déclaré jeudi le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser.

Le renseignement à l'œuvre. "C'est une crainte de les voir revenir sur le territoire national", a-t-il dit lors d'une présentation des moyens de l'armée de Terre à Versailles-Satory. "On étudie avec beaucoup de précision quels sont leurs modes d'action. Les services de renseignement œuvrent de leur côté pour pouvoir cibler de façon assez précise ces gens", a-t-il poursuivi.

De nombreux Français en Irak et en Syrie. L'opération militaire Sentinelle "vise aussi à étudier des scénarios de crise" liés à d'éventuels retours, a relevé le général Bosser, interrogé par un journaliste sur les différents savoir-faire de l'EI, y compris la manipulation d'armes chimiques. Des centaines de Français ont rejoint les rangs de l'EI en Irak et Syrie où ils se sont battus contre les forces locales soutenues par la coalition internationale sous commandement américain. Sur Europe 1 dimanche, la ministre des Armées Florence Parly n'a pas caché qu'elle préférerait voir ces djihadistes expérimentés et déterminés périr dans les combats plutôt que revenir en Europe.

"Se préparer à des menaces". L'opération Sentinelle peut mobiliser jusqu'à 10.000 soldats : 3.000 le sont en permanence, 3.000 (dits échelon de manœuvre) sont déployés sur des événements spéciaux (compétitions sportives, festivals…) et 3.000 sont en réserve. "Dans cette couche (de manœuvre) il y a une volonté de se préparer à des menaces qui pourraient être les nôtres demain et sur lesquelles à mon sens on ne travaille pas assez", a souligné le général Bosser, sans plus de précisions. 

11.000 hommes formés en 2018. Le général Bosser a relevé par ailleurs que l'armée de Terre, sous forte pression depuis la mise en place de Sentinelle, était en train de remonter en puissance. L'opération, mise en place après les attentats de janvier 2015 à Paris, a conduit à de fortes contraintes dans l'entraînement du fait du surengagement des soldats entre opérations extérieures et territoire national. "Cela sera réglé à l'été 2018 une fois que les 11.000 hommes que nous aurons recrutés seront formés au niveau d'engagement le plus complexe. L'armée de Terre aura alors retrouvé le souffle qu'elle avait en 2015 avant les attentats", a-t-il dit.

"Nos soldats globalement heureux". Il a affirmé par ailleurs que le moral des militaires avait bien remonté au sein de Sentinelle depuis l'évolution de l'opération vers des missions plus dynamiques, et non plus statiques avec des hommes postés devant des bâtiments. "Il est vrai qu'en 2015 le dispositif tout statique qui répondait aux attentes des Français a épuisé nos hommes, qui préfèrent évidemment des modes d'action beaucoup plus dynamiques", a-t-il dit. "Mais le monde a bien changé (…) Nos soldats globalement sont heureux et fiers de réaliser cette mission", a-t-il assuré.