Sécurité, transport, mobilisation : ce qu'il faut savoir sur l’Acte 5 des "gilets jaunes"

Des doutes subsistent sur l'ampleur de la mobilisation des "gilets jaunes" de samedi.
Des doutes subsistent sur l'ampleur de la mobilisation des "gilets jaunes" de samedi. © Thierry Zoccolan / AFP
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Salomé Hénon-Cohin , modifié à
À la veille d'une nouvelle manifestation, le doute subsiste quant à l'ampleur de la mobilisation. Les annonces de Macron et l’attentat de Strasbourg ont pu en décourager certains. Mais cela n'entame pas la détermination d'autres "gilets jaunes".

Ils ne vont rien lâcher. Pour de nombreux "gilets jaunes" du groupe Facebook "la France en colère", "le 5e acte aura bien lieu samedi". Malgré les nombreux appels au calme du gouvernement ces derniers jours, d'autant plus après les annonces d'Emmanuel Macron lundi et l'attentat de Strasbourg mardi, les manifestants semblent vouloir rester mobilisés. Le dispositif policier sera donc identique à celui de la semaine dernière à Paris. Et devrait même être renforcé dans certaines villes de province.

Des "gilets jaunes" encore déterminés…

La mobilisation, dont le pouls se prend surtout sur les réseaux sociaux, ne semble pas faiblir. De nombreux appels à un "acte V" réunissent plusieurs milliers de "participants" sur Facebook.

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"Il faut être indéfectiblement solidaire avec les victimes de Strasbourg et pleinement déterminé à poursuivre le mouvement", écrivent les administrateurs du groupe "Les Gilets jaunes". Après quatre semaines de manifestations aux cours desquelles six personnes ont perdu la vie, dont une dans la nuit de mercredi à jeudi près d'Avignon, les "gilets jaunes" sont toujours déterminés. Eric Drouet, figure emblématique de ce mouvement, appelle à "ne rien lâcher" sur son compte Facebook. "C'est le moment où justement on doit continuer", dit-il dans une vidéo. "Ce que Macron a fait lundi, c'est un appel à poursuivre parce qu'il commence à lâcher quelque chose et, venant de lui, c'est inhabituel."

En effet, pour un grand nombre de "gilets jaunes", les annonces faites par le gouvernement ne suffisent pas. "S'il faut rester jusqu’à Pâques, nous le ferons" a même déclaré Gérard, un gilet jaune de Chambéry, aux journalistes du Dauphiné libéré. À Toulouse, où des débordements ont été déplorés la semaine dernière, des manifestations sont déjà prévues samedi, en début d’après-midi. Les manifestants de la Ville rose se rejoindront avant pour une opération escargot. Par ailleurs, des points de blocage auront lieu un peu partout en France : en Gironde, en Isère, ou encore en Savoie, selon un recensement des médias locaux.

Quinze organisations, dont le syndicat Solidaires, l'association Attac et Droit au logement, invitent également dans un communiqué à soutenir et rejoindre la manifestation des "gilets jaunes" samedi.

… malgré de nombreux appels au calme dans le contexte terroriste  

Mais tous les "gilets jaunes" ne sont pas sur cette ligne "dure". C'est le cas notamment à Strasbourg, où l'attentat de mardi, qui a fait quatre morts, a refroidi les ardeurs. Avant même que la manifestation dans la capitale alsacienne soit interdite par les autorités, certains manifestants préconisaient son annulation. Aucune interdiction nationale n'a été décrétée pour les autres villes mais "cet attentat est bien la preuve que la menace terroriste est toujours là, bien présente" a souligné le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Europe 1 vendredi.

Les annonces du président de la République, lundi, ont aussi encouragé certains mécontents à lever le pied. "Le temps du dialogue est venu" pour le collectif des "gilets jaunes libres", qui appelle à une trêve. Même si une grande partie des mesures gouvernementales sont jugées "insuffisantes" par beaucoup de manifestants, des doutes subsistent donc quant au nombre de personnes mobilisées ce samedi.

La classe politique divisée

De leur côté, les personnalités politiques sont aussi divisées que les "gilets jaunes" eux-mêmes. Le gouvernement poursuit ses appels au calme. Son porte-parole, Benjamin Griveaux, a encouragé les manifestants à être "raisonnables" et à "ne pas manifester". "Je préférerais que les forces de l’ordre fassent leur vrai métier plutôt que de sécuriser des ronds-points", a lancé Christophe Castaner aux "gilets jaunes" sur Europe 1. 

L'opposition, jusqu'alors plutôt unie dans le soutien de la manifestation, commence à se disperser. C'est sans réserve que la France insoumise appelle à un acte V de la mobilisation. Les "gilets jaunes auraient tout intérêt à continuer pour essayer de faire céder Emmanuel Macron", a estimé cette semaine Eric Coquerel, député LFI, sur France 3. "Ils ne sont pas satisfaits, très globalement, des mesures annoncées. Nous serons avec eux dans les mobilisations."

À l'inverse, Les Républicains se rangent du côté d'un arrêt du mouvement. Mardi sur BFM TV, regrettant les violences des précédentes  mobilisations, Laurent Wauquiez a souhaité qu'"il n'y ait pas de manifestation". Le PS, de son côté, a adopté une position frileuse, estimant vendredi qu'il était temps que le gouvernement "change de cap", selon les mots de son premier secrétaire Olivier Faure, mais sans annoncer de soutien clair.

Un dispositif de police "semblable à la semaine dernière"

Michel Delpuech, préfet de police, a annoncé vendredi sur RTL  que les forces de l'ordre seraient de nouveaux très mobilisées ce samedi partout en France. À Paris, près de 8.000 policiers et gendarmes seront dans les rues avec, à leurs côtés, quatorze véhicules blindés de la gendarmerie. Ce dispositif, semblable à celui de la semaine dernière, doit permettre de maîtriser rapidement les casseurs et de détruire d'éventuelles barricades. Comme le 8 décembre aussi, des contrôles seront menés "dès [vendredi] soir pour détecter celles et ceux qui viennent à Paris pour en découdre en portant sur eux des armes", a prévenu Michel Delpuech. Selon lui, il faut "se préparer à la situation qui pourrait être la pire".

Sur le reste du territoire aussi, des CRS seront déployés et six véhicules blindés viendront les épauler dans les communes où des débordements ont déjà été constatés la semaine dernière. Pour la seule ville de Saint-Etienne, 340 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés, contre 270 policiers samedi 8 décembre. À Bordeaux, où l'escalade a aussi été très violente, la mairie a d'ores et déjà annoncé la fermeture de certains services. Les tramways seront interrompus l'après-midi et bon nombre d'établissements culturels resteront portes closes.

 

Des transports perturbés à Paris

Une fois de plus, le réseau de transports en commun parisien sera impacté par la manifestation des "gilets jaunes". Préventivement, la RATP a décidé de fermer de nombreux arrêts de métro et de bus. La ligne 1 sera fermée de Bastille à Argentine, tandis que la 8 ne circulera pas entre Concorde et École militaire. Sur la 7 et la 9, les stations centrales seront fermées. Enfin, le RER C sera lui aussi fortement perturbé. Tous les détails sont à retrouver ici.