Sécheresse et canicule : comment les villages fleuris alsaciens s’adaptent

Itterswiller Alsace village fleuri
Les villages fleuris d'Alsace ont trouvé des solutions pour entretenir leurs espaces en gaspillant moins d'eau. © Mélina Facchin
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Mélina Facchin , modifié à
Comment entretenir les espaces verts de sa commune tout en gaspillant le moins d’eau possible ? L’équation n’est pas facile à résoudre pour les villages les plus fleuris de France. Et la question se pose d’autant plus alors que la chaleur menace la majorité du pays. En Alsace, des dispositifs ont été mis en place par les municipalités.

Avec les températures qui grimpent partout en France, la canicule qui s’annonce, de plus en plus de départements activent la vigilance sécheresse. C’est le cas du Bas-Rhin depuis le lundi 11 juillet. Il n’y a pas encore de restrictions d’eau, mais la préfecture invite les particuliers et les collectivités à faire attention et notamment à limiter les arrosages. Alors comment s’organisent les communes les plus fleuries, celles qui ont été récompensées pour leur belle végétation ?

Mixer les plantes et arroser au goutte-à-goutte

Bischheim, une ville de 17.000 habitants près de Strasbourg, est fière de son label "4 fleurs", la plus haute distinction. Alors pour entretenir tous ces espaces verts sans gaspiller trop d’eau, le maire, Jean-Louis Hoerlé, a choisi de mélanger les types de végétaux. "On a à peu près deux tiers de plantes pérennes, qui n’ont pas besoin d’un arrosage intensif", explique-t-il en pointant du doigt les grands parterres de fleurs devant la mairie. "Et là où il y a vraiment des fleurs, nous avons un goutte-à-goutte plutôt qu’un arrosage automatique : ça évite le gaspillage."

Des copeaux de bois ont également été répandus au sol, autour des plantes, "pour que l’eau ne s’évapore pas trop vite". Et il y a depuis quelques années beaucoup moins de géraniums aux fenêtres, "parce que les jardinières, c’est vraiment ce qui consomme le plus d’eau" assure l’édile.

"La gestion de l’eau devient très compliquée"

Le charmant petit village d’Itterswiller, à 45 kilomètres de là, ne compte que 230 habitants. Mais lui aussi a décroché le label "4 fleurs", depuis près de 40 ans. Toutes les techniques appliquées à Bischheim -les copeaux de bois, le goutte à goutte- sont également en vigueur ici. "Et on a aussi un récupérateur d’eau de pluie pour le jardin communal" précise René Strohm, premier adjoint au maire du village. "Mais encore faut-il qu’il pleuve !" ajoute-t-il dans un rire.

Dans cette petite commune, la sécheresse pose de plus en plus de problèmes. "La gestion de l’eau devient très, très compliquée" confirme l’élu. "Retirer les "4 fleurs", c’est une réflexion qu’on peut avoir. Peut-être pas dans les prochaines années, parce que c’est important pour Itterswiller qui vit beaucoup du tourisme", poursuit-il. "Mais dans le futur, si les canicules et le réchauffement climatique continuent, c’est une question qu’il faudra se poser avec les habitants" regrette-t-il.

Le fleurissement prend aussi beaucoup de temps, coûte cher et exige de la main d’œuvre. Une question non négligeable alors que l’inflation, ici comme ailleurs, pèse en ce moment sur le budget de la commune.