Ehpad 1:49
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Thibaud Hue , modifié à
Après les scandales, les voix continuent de s'élever contre les Ehpad. Celles des résidents, des familles, mais aussi des soignants qui manquent souvent de moyens. Europe 1 s'est rendue à Neuville-sur-Oise, en région parisienne, où les soignants de l'Ehpad de la ville sont en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail.
REPORTAGE

Les Ehpad sont toujours dans la tourmente. Le scandale révélé par le journaliste Victor Castanet dans son livre Les Fossoyeurs continue de libérer la parole autour des établissements lucratifs. À Neuville-sur-Oise dans le Val-d'Oise, les soignantes de l’Ehpad le Château de Neuville sont montées au créneau contre leur direction et font la grève depuis 37 jours. Debout juste devant les grilles de l'établissement, elles se réchauffent autour d’un brasero en chantant en chœur : "On lâche rien, on lâche rien !" Europe 1 a rencontré ces soignantes qui réclament de meilleures conditions de travail.

"Une douche tous les 15 jours"

Sarah, une aide-soignante, a le visage crispé quand elle raconte ses journées avec les résidents : "Il y a des jours de douche bien précis, mais on ne pouvait pas ! Du coup, parfois, c’était une douche tous les 15 jours. Par manque de temps, par manque de collègues. On leur expliquait qu'on n'avait pas le choix, qu’on ne pouvait pas faire autrement. C’est dur franchement."

Dans cet établissement, ces femmes sont débordées et leur téléphone ne cesse de sonner. Certaines ne prennent pas de pause pour déjeuner, de peur de devoir négliger davantage leurs soins. D’autres, comme Siham, forcent sur leur dos devenu fragile pour assumer une tâche seule, au lieu d’être à deux. Cette infirmière et déléguée syndicale CGT est oppressée par le sous-effectif. "Quand un résident nous parle et commence à nous raconter une histoire, on doit se rapprocher de la porte parce qu’on sait que notre temps est compté. Elle commence ici la maltraitance", affirme-t-elle au micro d'Europe 1.

Le système des Ehpad en dysfonctionnement 

Les révélations sur la situation des établissements d’Orpea leur ont même donné un second souffle pour tenir bon. "Quand ce livre est sorti, on s’est rendues compte que c’était organisé et que c'était systématique", ajoute une soignante. "On s’est rendues compte qu’on n'était pas toutes seules, qu’on n'était pas folles. Et les passants ont fini par comprendre pourquoi on était dans la rue depuis autant de temps."

Si les discussions avec la direction de l'Ehpad sont difficiles, les soignantes restent fermes. La grève ne s'arrêtera pas sans de meilleures conditions de travail.

Droit de réponse de l'Ehpad Le Château de Neuville

Ayant été mis en cause dans votre article paru le 9 février dernier, sous le titre "Scandales dans les Ehpad : des soignantes mobilisées contre le manque de moyens", nous souhaitons apporter à la connaissance de vos lecteurs la mise au point suivante : les déclarations des salariés grévistes de l'établissement Château de Neuville que vous rapportez, tendent à créer et entretenir une confusion avec les récents scandales ayant secoué d'autres établissements, qui n'ont rien à voir avec le nôtre. Le Château de Neuville suit et contrôle le bon approvisionnement de l'établissement, en lien direct avec les équipes soignantes pour déterminer au mieux les besoins des résidents dans chaque unité de vie. Contrairement à ce qui est avancé au sein de l'article, nous n'avons pas d'aide-soignante nommée Sarah au sein de nos équipes actuellement et les difficultés alléguées concernant les douches des résidents sont inexactes. De plus, nos équipes ne nous ont pas fait part de problèmes physiques entraînés par les soins prodigués aux résidents. Nous avons toujours veillé à maintenir nos effectifs en nombre suffisant pour permettre le bon accompagnement de nos résidents. C'est encore le cas aujourd'hui, malgré la combinaison d'une grève avec la crise sanitaire qui rend cette tâche particulièrement ardue. La grande majorité de nos collaborateurs sont non-grévistes. Ils dénoncent les diverses attaques proférées à l'encontre de l'établissement, sa direction et eux-mêmes.