Ehpad 1:43
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Zoé Pallier
Comme plusieurs familles, les Berrebi portent plainte contre le groupe Orpéa, pour des faits de maltraitance subis par leur mère lorsqu’elle résidait en Ehpad. Ce sont les révélations des dernières semaines qui les ont décidés à passer à l’acte.

Des familles s'organisent pour porter plainte contre le groupe de maisons de retraite Orpéa, après la sortie du livre-enquête "Les Fossoyeurs". C’est le cas des Berrebi. Ils dénoncent la maltraitance subie par leur mère, qui a résidé un an à l'Ehpad Les Terrasses des Lilas, en région parisienne. Ils avaient renoncé à porter plainte une première fois.

"Au secours ma fille ! Ils me laissent par terre"

"Voilà maman comme elle était", commence Evelyse. Le doigt tremblant, elle caresse sur son écran le visage de sa mère, recouvert d’hématomes et les yeux gonflés après une chute. Elle se souvient des nombreux appels qu’elle a reçus cette nuit-là. La voix de sa mère qui l’implore : "Au secours ma fille ! au secours… ils me laissent par terre."

Malgré le manque criant de personnel et les économies sur l’hygiène et la nourriture, Evelyse avait dans un premier temps ravalé ses soupçons : "On pensait que c’était vraiment l’endroit idéal", admet-elle. Elle décrit un établissement à la façade d’un hôtel cinq étoiles et poursuit, révoltée : "On payait 5000 euros par mois, et maman ne mangeait pas à sa faim."

Dissuadés de porter plainte une première fois

Gérard, le frère d’Evelyse, tient contre sa poitrine une pochette remplie de feuilles volantes. Il explique : "C’est tout ce que j’avais noté. Tout ce pourquoi j’avais à me plaindre." En 2020, il avait déjà voulu porter plainte pour maltraitance, mais craignait les possibles représailles contre sa mère. Il se souvient avoir été convoqué au siège d’Orpéa. "Ils m’ont reçu à cinq. J’arrivais pas à me défendre… Ils m’ont caressé dans le sens du poil pour que je ne porte pas plainte en me disant qu’ils allaient s’occuper de ma mère", raconte-t-il.

Après le décès de leur mère, Gérard et Evelyze, rongés par la culpabilité, ont tenté d’oublier Orpéa. L’enquête de Victor Castanet les a fait changer d’avis. "Là, ça m’a mise hors de moi", justifie Evelyse, qui s’est empressée d’écrire à une avocate. "Je me suis dit qu’il fallait que je porte plainte. Ce n’est pas pour l’argent, c’est pour nous. Pour pouvoir faire notre deuil." 

Et surtout, ajoute son frère, pour que "plus jamais une famille ne vive le même enfer".