Scandale Lafarge : des agents du contre-espionnage étaient-ils au courant ?

Cette demande de l'avocat de Lafarge SA laisse penser que des agents du contre-terrorisme étaient au courant des versements du cimentier à des groupes armés
Cette demande de l'avocat de Lafarge SA laisse penser que des agents du contre-terrorisme étaient au courant des versements du cimentier à des groupes armés © JACQUES DEMARTHON / AFP
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L'avocat du cimentier français Lafarge SA aurait demandé aux juges d'instruction en charge de l'enquête sur les soupçons de financement du terrorisme en Syrie d'interroger deux agents de la DGSI.

Des agents des services secrets étaient-ils au courant des activités de Lafarge en Syrie ? Dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de financement de groupes terroristes en Syrie qui vise Lafarge SA, l'avocat du cimentier aurait demandé aux juges d'instruction d'auditionner deux agents de la DGSI (la Direction générale de la Sécurité intérieure), selon les informations du Parisien mardi.

Deux agents de la DGSI bientôt interrogés ? Les noms de deux agents du contre-espionnage français sont apparus dans un document officiel du groupe datant de 2012, rapporte le journal. L'un d'eux était alors présenté comme le "correspondant Lafarge sur les aspects intelligence économique". L'avocat de Lafarge SA aurait donc demandé à ce qu'ils soient à leur tour interrogés. Il sera demandé à ces agents ce qu'ils savaient des liens entre l'usine Lafarge installée à Jalabiya, en Syrie, les groupes armés et des versements de fonds, comme l'indique l'avocat du groupe. Lafarge compterait donc impliquer les renseignements français.

Lafarge aurait renseigné la DGSI et la DGSE. Les procès-verbaux d'audition du directeur de la sûreté du cimentier, Jean-Claude Veillard, consultés par Europe 1 en avril dernier, laissent entendre que Lafarge renseignait l'État français sur plusieurs groupes armés présents aux alentours, dont l'État islamique. Le directeur de la sûreté a par ailleurs fourni aux enquêteurs un agenda dans lequel il indique avoir rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieurs (DRM, DGSE) et intérieur (DGSI) entre 2012 et 2014, selon Libération. 

Déjà des mises en examen. Huit cadres de Lafarge sont déjà mis en examen pour financement du terrorisme et mise en danger de la vie d'autrui. Le cimentier est soupçonné d'avoir payé d'importants pots-de-vin aux groupes terroristes présents en Syrie pour maintenir leur usine de Jalabiya en activité jusqu'en 2014.