La mise en examen de quatre fonctionnaires de la CSI 93 a poussé la préfecture à dissoudre le service. 2:30
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Romain David
La dissolution de l’ensemble de la compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis, après la mise en examen de quatre de ses membres, accusés notamment d'avoir mis en place une fausse opération anti-drogue, est dénoncée comme une "injustice" par Grégory Joron,​ le secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP-Police FO.
INTERVIEW

Quatre policiers de la compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) de Seine-Saint-Denis ont été mis en examen jeudi pour faux et usages de faux en écriture, arrestations arbitraires, violences volontaires et transport non autorisé de stupéfiants. Il leur est notamment reproché d’avoir organisé à l’été 2019 une fausse opération anti-drogue. En réaction, la préfecture de Paris a décidé de dissoudre l’ensemble de la compagnie, ce qui n’a pas manqué de faire bondir les syndicats de police. "C’est une réaction beaucoup trop rapide, que fait-on des 140 autres collègues qui font leur boulot correctement ?", a notamment ​réagi vendredi, au micro de Matthieu Belliard sur Europe 1, Grégory Joron,​ le secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP-Police FO.

"Ce service a toute son utilité dans un département comme le 93, il a fait ses preuves. Il est régulièrement loué pour ses résultats", plaide ce syndicaliste qui dénonce une "injustice".

En juin 2019 l’IGPN a reçu deux plaintes de deux jeunes hommes, l’un d’eux accuse notamment un agent d’avoir fait croire qu’il détenait un sachet de cannabis. Une violente interpellation s’en serait suivie. Pour Grégory Joron, cette affaire aurait dû être circonscrite aux seuls policiers remis en question. "À partir de quatre fonctionnaires, on applique une décision à l’ensemble d’un service", s’agace-t-il.

Les pressions de la hiérarchie

"Dans des services et des départements où l’action de police est compliquée, comme le 93, on est borderline, c’est une évidence, si on veut que ça marche, de temps en temps", argumente encore ce policier, qui rappelle que ses collègues restent "présumés innocents". "Je ne dis pas que l’on piétine le cadre républicain, mais les faits [reprochés aux policiers incriminés] sont des intitulés du Code pénal, il faut voir ce qu’il y a derrière et le prouver."

Grégory Joron, évoque également les pressions de la hiérarchie comme un facteur pouvant expliquer leur comportement. "On est dans un système hypocrite. La police fonctionne encore avec une politique du chiffre, qu’on le veuille au non", pointe-t-il, avant de concéder : "C’est un outil managérial qui teinte la manière dont la police travaille au quotidien."