église Saint-Etienne-du-Rouvray 1:40
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Zoé Pallier , modifié à
Ce lundi s’ouvre le procès de l’assassinat du père Hamel, égorgé en pleine messe dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray par des terroristes islamistes en 2016. Quatre personnes accusées de complicité vont comparaître devant la Cour d'assises spéciale à Paris. Depuis cinq ans et demi, la communauté de fidèles tente de se reconstruire.
REPORTAGE

C’était il y a près de six ans, mais les fidèles en ont un souvenir vif. Le père Hamel était en train de célébrer la messe à Saint-Etienne-du-Rouvray, quand il a été égorgé par deux assaillants islamistes, abattus dans la foulée par la police. À partir de ce lundi et jusqu’au 11 mars, quatre personnes accusées de complicité vont comparaître devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Ce procès est très attendu par la paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray, qui s’attache depuis l’attentat à surmonter le traumatisme.

Sur la photo à l’entrée de l’église, le père Hamel a l’air rieur. Mais ce vendredi soir, deux jours avant l’ouverture du procès, beaucoup dans les allées avaient déjà les yeux humides. "Pour nous, c’est un peu comme une plaie qui se rouvre", murmure Gisèle, qui fréquente la paroisse depuis plus de dix ans. "On ne peut pas s’empêcher de le voir là, à l’autel, en train de célébrer la messe."

La peur qu'un tel drame ne se reproduise

Après l’attentat, Gisèle avait espacé ses venues à l’église. "C’était trop violent", se souvient-elle. "Et puis, je suis devenue de plus en plus sereine. C’est peut-être un 'plus' de dire que dans cette église, il s’est passé des choses terribles et qu’on a réussi à surmonter tout ça, Dieu merci." 

Les paroissiens ont dû déjà dépasser la peur de retourner sur ces bancs. Aujourd’hui encore, au moindre bruit sourd, quelques fidèles sursautent. "On a encore le réflexe de regarder quand la porte s’ouvre, tout ça", confie Michelle. "C’est pas complètement effacé, c’est dans nous." Peu de temps après l’attentat, elle était seule dans l’église avec le sacristain, quand elle a entendu des coups à la porte. Elle a d’abord hésité à ouvrir, apeurée. "C’était des religieuses de Cracovie", raconte-t-elle. L’église n’est restée fermée que deux mois, cela fait la fierté des paroissiens.

Une église devenue un lieu de pèlerinage

Tout a été restauré dans le bâtiment, ne restent que les stigmates dans le bois de l’autel. Le père Simon, nouveau curé de la paroisse, soulève délicatement la nappe : "Ici nous avons des trous dans l’autel qui sont les marques des coups de couteau en signe de profanation." Après la messe de réparation, il a fallu se réapproprier l’église, devenue lieu de pèlerinage.

"Dans ce lieu, il y a eu une émotion plus intense, par rapport aux mots que je prononce", explique le curé. "Tout de suite, on fait lien entre le sacrifice du Christ et celui du Père Hamel." Pas question donc de céder à la haine entre ces murs, résume le Père Simon. Pour lui, le procès peut aider les fidèles à pardonner, et donc être une nouvelle étape de la reconstruction.