Saint-Denis : des femmes archéologues victimes d'outrage sexiste sur un chantier de fouilles

archéologie
À Saint-Denis, des femmes archéologues ont été victimes de harcèlement sur leur chantier de fouilles. (Illustration) © Sebastien SALOM-GOMIS / AFP
  • Copié
Inès Zeghloul (à Saint-Denis) / Crédit photo : Sebastien SALOM-GOMIS / AFP
À Saint-Denis, des femmes archéologues sont victimes de propos sexistes et de harcèlement de la part de passants, alors qu'elles travaillent sur un chantier de fouilles. Les outrages concerneraient la tenue vestimentaire des chercheuses. Si la mairie dénonce un "Saint-Denis bashing", elle avertit que tout outrage sexiste fera l'objet de poursuites judiciaires.

Être harcelée simplement parce que l'on est une femme, qu'on travaille en débardeur ou en tee-shirt. C'est ce que vivent les chercheuses sur un chantier de fouilles au centre de Saint-Denis, en région parisienne. L'affaire prend un tour polémique. La municipalité dénonce un "Saint-Denis bashing" et une récupération politique depuis plusieurs semaines. Ces chercheuses sont épiées, insultées et cibles de harcèlement. Leurs torts : être femme et archéologue et travailler dans une tenue qui ne convient pas aux mœurs des outragés.

Des hommes qui prennent "des dizaines de photos"

Au pied de la basilique, agenouillées dans la terre, des femmes archéologues s'affairent sur le chantier à la vue de tous, mais protégées par plusieurs patrouilles de police. "Il a été demandé à la police municipale d'accroître la fréquence du passage de ses équipes dans les rues qui bordent le chantier", explique un policier.

Car depuis trois mois, entre les insultes sexistes, les sifflements et le voyeurisme, les équipes de Claude Héron viennent au travail la boule au ventre. "Lorsque vous avez un ou plusieurs individus de sexe masculin qui restent deux heures et qui font des dizaines de photos, c'est extrêmement perturbant. Être tout le temps aux aguets, tout le temps en train de lever la tête et de se demander si chaque personne qui passe n'est pas un potentiel harceleur" fait désormais partie du quotidien des archéologues, regrette-t-il.

Encercler le site par des palissades opaques, une fausse bonne idée

Dernier recours : séparer les chercheuses de leurs harceleurs et encercler le chantier par des palissades totalement opaques. Ce que regrette Oriane Filhol, adjointe à la mairie de Saint-Denis. "Lorsqu'il y a des fenêtres avec vue sur le site, c'est aussi pour montrer aux petites filles le métier d'archéologue, le fait que c'est un métier pour les femmes autant que pour les hommes, donc c'est quelque chose dont on va se priver", explique-t-elle.

"Adopter le bon comportement", peut-on lire sur les barrières de sécurité. À l'avenir, tout outrage sexiste fera l'objet de poursuites judiciaires, avertit la municipalité.