Restaurants fermés : Alain Ducasse pointe "la pression des blouses blanches"

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Romain David
Invité d'Europe Matin jeudi, le chef étoilé Alain Ducasse a estimé que les restaurants auraient pu rester ouverts en France ces derniers mois, comme dans d'autres pays, alors qu'Emmanuel Macron vient d'esquisser un possible horizon de réouverture pour la mi-mai.
INTERVIEW

"Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture, nous autoriserons sous conditions l'ouverture de terrasses", a déclaré mercredi soir Emmanuel Macron. Au cours de son allocution, le chef de l'Etat, qui a annoncé un élargissement des mesures de restriction déjà en vigueur dans 19 départements à l'ensemble du territoire, a aussi tenu à donner un horizon aux restaurateurs, fermés depuis plus de 6 mois en raison de l'épidémie de Covid-19, en esquissant ce calendrier de réouverture.

Mais pour le chef Alain Ducasse, invité jeudi de la matinale d'Europe 1, les restaurants auraient dû rester ouverts ces derniers mois, ne serait-ce que pour une raison symbolique, quitte à appliquer un protocole sanitaire draconien. "Nous n'avons jamais fermé à New York (où il possède le Benoit New York, ndlr), même en plein hiver, avec une jauge très faible de 75% de réduction, nous n'avons jamais rompu le lien avec les clients", explique Alain Ducasse. "Il y avait une extrême rigueur dans l'application des mesures barrières, et ça a marché", assure-t-il. "Mais je pense que la pression des blouses blanches est très forte en France", ajoute encore le chef monégasque, qui possède une vingtaine de restaurants dans sept pays.

"La table sera un nouveau lieu où on aura envie de se rencontrer"

À quoi ressemblera l'univers de la restauration française lorsque la page de la pandémie sera enfin tournée, et après être resté des mois sous perfusion des aides gouvernementales ? "Qui va prédire où on en sera dans quinze mois ? Mais très certainement, nous serons encore plus précautionneux du consommateur", estime Alain Ducasse. "On aura besoin de resocialisation. Je pense que la table sera un nouveau lieu où on aura envie de se rencontrer, de partager et d'échanger", veut-il toutefois espérer. "Le monde d'après, nous allons le construire ensemble", conclut le chef étoilé.