Rémunération, libre-échange, jachère... Dix mesures que réclament les agriculteurs toujours mobilisés

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Ophélie Artaud / Crédit photo : JULIEN WARNAND / BELGA MAG / BELGA VIA AFP , modifié à
Les agriculteurs poursuivent leur mobilisation ce lundi, malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal vendredi dernier. Des centaines de tracteurs veulent rejoindre Paris et Rungis pour bloquer la capitale. Mais que revendiquent-ils ? Europe 1 fait le point.

La mobilisation des agriculteurs devrait prendre un nouveau tournant ce lundi. Depuis le début de la journée, des centaines de tracteurs, partis de plusieurs départements de toute la France, prévoient d'encercler Paris et le marché de Rungis. Avec un objectif : faire pression sur le gouvernement pour obtenir de nouvelles mesures, trois jours après les annonces de Gabriel Attal, jugées insuffisantes par une partie des manifestants. En tout, les syndicats FNSEA-Jeunes Agriculteurs ont formulé 140 mesures qu'ils ont transmises au gouvernement. Europe 1 fait le point sur les principales revendications des agriculteurs.

Les revendications de la FNSEA :

1. Une rémunération "plus juste" pour tous les agriculteurs

C'est une revendication commune à tous les manifestants : obtenir une meilleure rémunération de leur activité. S'il existe de nombreuses disparités dans les revenus des agriculteurs, en fonction notamment du type d'exploitation agricole, 18% des ménages agricoles vivaient sous le seuil de pauvreté en 2021, selon l'Insee.

2. Le "respect absolu des lois Egalim"

Si Gabriel Attal a annoncé vendredi des sanctions "très lourdes" contre les entreprises qui ne respecteraient pas les lois Egalim, les agriculteurs continuent de demander un "respect absolu" de celles-ci. Ces lois ont pour objectif une meilleure rémunération des agriculteurs, via un encadrement des négociations commerciales entre distributeurs et industriels. Mais leur efficacité est remise en question et des industriels sont accusés de ne pas jouer le jeu, ce qui, par conséquent, prive les agriculteurs d'une partie de leurs revenus.

3. Le paiement immédiat des aides PAC et des indemnisations sanitaires et climatique

Si la politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne assure des aides aux agriculteurs, les manifestants dénoncent le "fardeau administratif" qu'elle requiert et le fait que depuis l'an dernier, les paiements directs des aides européennes sont conditionnés à l'application de normes environnementales. La FNSEA demande ainsi le paiement immédiat de ces aides et ce, "quelles que soient les raisons du non-paiement".

Le syndicat demande également le paiement immédiat des indemnisations sanitaires et climatiques, dues cette fois-ci par l'État. Cela concerne par exemple les exploitations dont les animaux sont touchés par la maladie hémorragique épizootique (MHE), la tuberculose, la grippe aviaire... ou dont les locaux ont été confrontés à des inondations.

4. Une aide pour les secteurs les plus en crise

La FNSEA demande d'aider immédiatement les secteurs les plus en crise : la viticulture et l'agriculture biologique. Les vignerons ont en effet été touchés ces dernières années par de nombreuses difficultés, notamment des aléas climatiques comme la sécheresse ou le gel, mais aussi à des difficultés économiques, liées à la hausse de l'énergie ou des matières premières. Les exploitations agricoles biologiques sont elles aussi confrontées à de nombreuses difficultés, dont un important recul des ventes lié à l'inflation. Pour cette filière, Gabriel Arral a annoncé injecter "50 millions d'euros".

5. Faire de l'élevage une cause nationale

Le syndicat majoritaire demande également au gouvernement des mesures pour les éleveurs, et veut que l'élevage soit considéré comme "une grande cause nationale". 

6. Des mesures sur l'eau

La gestion de l'eau est au centre des inquiétudes des agriculteurs. Si Gabriel Attal a annoncé l'abrogation du délai pour la création de retenue d’eau, la FNSEA veut aller plus loin et demande notamment "l'application pleine et entière du Varenne de l'eau", la "mise en œuvre d'un dispositif plus adapté des sécheresses" ou encore la "sécurisation des prélèvements d'eau".

7. Sortir du Pacte Vert

Le "Pacte Vert" (dont fait partie la PAC) de l'Union Européenne est aussi dans le viseur des agriculteurs, qui souhaitent en sortir. Celui-ci impose différentes normes pour préserver la biodiversité et assurer la sécurité alimentaire, que de nombreux agriculteurs jugent difficiles à tenir.

8. Une dérogation sur les jachères

C'est justement l'une des obligations environnementales inscrites dans le Pacte Vert : le fait de devoir laisser 4% des terres cultivables en jachère ou en infrastructures agroécologiques (haies, arbres, bosquets, mares...). Une norme qui représente un manque à gagner pour les agriculteurs. La FNSEA demande une dérogation.

Les revendications de la Confédération paysanne :

9. Interdire tout prix agricole en dessous des prix de revient

La Confédération paysanne a ses propres revendications. Sur la question de la rémunération des agriculteurs, le syndicat souhaite notamment "un revenu digne pour tous les paysans et paysannes". Pour eux, cela passerait notamment par la mise en place d'une loi interdisant tout prix agricole en dessous des prix de revient.

10. Sortir des règles du libre-échange

La Confédération paysanne souhaite également une sortie des accords de libre échange et la fin des négociations qui y sont associées. Gabriel Attal a d'ores et déjà affirmé vendredi le refus de la France de signer l'accord de libre échange entre l'UE et les pays du Mercosur. Les agriculteurs considèrent qu'il s'agit de "concurrence déloyale".