Femme rue 1:36
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Caroline Baudry , modifié à
C'est aujourd'hui la journée internationale des droits des femmes. Celui de circuler librement dans l'espace public en fait partie. Et pourtant, selon une étude Ipsos réalisée l'année dernière 75% des femmes évitent certains lieux, 59% adaptent leurs vêtements et leur apparence. Reportage dans la capitale, où les femmes doivent toujours se battre pour le droit de circuler librement sans se faire harceler. 
REPORTAGE

Commentaires ou sollicitations sexuelles, bruits de bouche, poursuites insistantes ou exhibitionnisme… Selon une étude Ipsos de 2020, 81% des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics, aussi appelé "harcèlement de rue". 13 heures, dans une rue passante du Nord de Paris. Visage poupin, veste de survêtement, jeans et baskets blanches. Sarah et Emma, 14 ans, quittent le collège pour la pause déjeuner. Elle racontent se faire interpeller, chaque jour, par des inconnus dans la rue. "Des hommes viennent nous accoster, viennent nous siffler, et si on ne répond pas, ils nous insultent souvent", confie Emma au micro d'Europe 1. 

"Ils nous voient comme des bouts de viande"

"Ce matin, j’ai eu des regards insistants, après il m’a traité de pute et il est parti", surenchérit Sarah. Que ressentent ces adolescentes dans ce genre de situation ? 

"Du dégout, et de la peur parfois", répondent-elles. "Je me dis : comment c’est possible qu’ils nous voient comme des objets comme des animaux ? Je ne trouve pas ça normal", souligne Emma. "Ils nous voient seulement comme des bouts de viande et pas des êtres humains", ajoute son amie Sarah.

"Les mentalités n'ont pas tellement changé depuis Me Too"

Emma change parfois son itinéraire pour ne pas croiser ces hommes, souvent la vingtaine, parfois 60 ans, raconte-t-elle. Cette violence commence au tout début de l’adolescence. 20 ans plus tard, Marion, une passante, est résignée.

"Elle est bonne celle-là, si t’étais ma meuf je te ferais ci, je te ferais ça... Je pense que c’est quelque chose dont les hommes n’ont pas conscience, que nous on subit ça au quotidien. Malgré tout le mouvement MeToo, on a l’impression qu’au quotidien, ça n’a pas changé tellement les mentalités". Impuissante, Marion fait le choix d’ignorer ces comportements. Pour les éradiquer, elle compte sur l’éducation des jeunes garçons.

La loi du 3 août 2018 a créé l’incrimination de "l’outrage sexiste" en France pour verbaliser le harcèlement de rue. Il est puni de 90 à 750 euros d’amende. En quatre ans, les forces de sécurité  intérieure ont relevé près de 5.000 infractions pour outrage sexiste. Près de 20% des victimes signalées sont mineures. Il est estimé que seules 2% des victimes d’injures sexistes portent plainte.