Paris 1:15
  • Copié
William Molinié, avec AFP , modifié à
Quelques heures après la réélection d'Emmanuel Macron, des policiers ont tiré dimanche soir en plein centre de Paris sur un véhicule qui a tenté de les percuter, tuant deux de ses occupants et en blessant un troisième. Selon les premiers éléments de l'enquête, le refus d'obtempérer des deux hommes serait lié à un trafic de stupéfiants.

Sur le Pont-Neuf, en plein centre de Paris, des policiers ont tiré dimanche peu avant minuit sur une voiture qui a tenté de les percuter selon une source policière, tuant deux de ses occupants et blessant une troisième personne. Les faits se sont déroulés peu avant minuit, quelques heures après la réélection du président Emmanuel Macron fêtée au Champs-de-Mars, sans lien à cet stade avec cet évènement politique. Ils se sont produits sur le Pont-Neuf, le plus vieux de la capitale, enjambant la Seine et situé à la pointe de l'île de la Cité.

Le policier tireur entendu par l'IGPN

Le policier ayant tiré dimanche soir à Paris près du Pont-Neuf sur une voiture soupçonnée d'avoir forcé un contrôle a été entendu dans la nuit par l'IGPN, a-t-on appris lundi de source policière. Le fonctionnaire a été entendu dans la nuit de dimanche à lundi, vers 4h30, au siège de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), systématiquement saisie dès qu'un agent fait usage de son arme, selon un rapport de police consulté par l'AFP. Ce document ne précise pas s'il s'agit d'une audition simple ou d'une garde à vue.

Un véhicule en contresens aurait foncé sur les agents

D'après les premiers éléments recueillis, selon une source policière, le véhicule circulait à contresens quand les policiers ont voulu le contrôler. Les occupants du véhicule auraient alors foncé sur les agents qui ont fait usage de leur arme, faisant deux morts et un blessé, a indiqué cette même source. La procureure de Paris Laure Beccuau est arrivée vers 1h30 sur place avant de repartir une heure plus tard, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un important dispositif policier était déployé aux abords. A la lumière de lampes torches et sous les lampadaires, sur le pont dominée par la statue équestre d'Henri IV, la police scientifique s'affairait autour de deux corps à terre, recouverts de draps blancs, situés près du véhicule, l'un sur un trottoir et l'autre sur la chaussée. Le véhicule est de type Polo Volkswagen et de couleur sombre, immatriculé à Paris, selon un photographe de l'AFP.

Une affaire de "trafic de stupéfiants" en cause

L'enquête a été confiée au 1er district de la police judiciaire pour "tentative d'homicide volontaire sur personnes dépositaires de l'autorité publique", a indiqué le parquet de Paris. Selon d'autres éléments de l'enquête, le refus d'obtempérer a été motivé par "une affaire de trafic de stupéfiants". Les deux hommes décédés sont très "défavorablement connus" des services de police, et sont âgés de 25 et 31 ans.

Le conducteur était connu pour des infractions liées aux stupéfiants. Le passager était lui connu pour des infractions liées aux stupéfiants, vols et proxénétisme aggravé. Tous les deux habitaient dans le 20e arrondissement de Paris. Le passager arrière quant à lui, blessé, est inconnu des services de police et habite dans le 15e arrondissement de la capitale.

Des témoins racontent la scène

Un touriste égyptien, disant s'appeler El Sammak, a relaté à l'AFP qu'il se trouvait en terrasse à l'hôtel du Cheval blanc avec vue sur la Seine, située en haut du grand magasin de la Samaritaine, quand les faits se sont produits : "J'ai entendu (tirer) quatre balles. Quand j'ai regardé, j'ai vu un homme courir dix à 15 mètres. Puis il s'est écroulé. Apparemment il n'était pas le conducteur, c'était un passager".

Maxime Guedon, un étudiant de 24 ans, sortait d'un restaurant avec une amie quand il a entendu des coups de feu. "On était partis dehors faire une petite balade. Ensuite, on a entendu des coups de feu. On a pensé que c'était des pétards. En fait il s'avère que c'était plus grave que ça", a-t-il raconté. Un autre témoin, sous couvert d'anonymat, a affirmé avoir entendu d'abord deux coups de feu suivis de plusieurs autres.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN, "Police des polices") a été saisie, a indiqué une source policière. C'est le cas systématiquement dès qu'un policier fait usage de son arme. Selon des précisions du parquet de Paris, le policier a été placé en garde à vue cet après-midi du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Cette mesure, prise notamment en raison de la gravité des conséquences des tirs de l'intéressé et afin de vérifier avec précision les conditions d'usage de son arme par celui-ci, est toujours en cours.