Réfugiés : "les Soudanais en France depuis des mois, ils s'en fichent"

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Jean-Jacques HERY avec AW , modifié à
Quai d'Austerlitz à Paris, certains migrants présents depuis longtemps s'estiment lésés par rapport aux réfugiés syriens.
REPORTAGE

Comment accueillir les migrants ? La question se pose avec force depuis une semaine et l'annonce de François Hollande de vouloir accueillir 24.000 personnes dans les prochains mois. Partout en France, les mairies, les citoyens se mobilisent. Les initiatives fleurissent... La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé jeudi l'ouverture de sept nouveaux centres d'hébergement à Paris. Trois de ces nouvelles structures d'accueil doivent d'ailleurs ouvrir leurs portes dès vendredi. Elles hébergeront des personnes en provenance d'Allemagne, mais aussi peut-être des migrants présents en France depuis plusieurs mois, voire plusieurs années... comme ceux qui vivent en bord de Seine, sur le quai d'Austerlitz. Dans ce camp qui héberge plus de 400 personnes, l'heure est à l'espoir et l'angoisse.

"Ils s'en fichent de nous". Quai d'Austerlitz, les Soudanais, les Guinéens et les Erythréens qui dorment sous une tente depuis plusieurs mois sont surpris et un peu amers de voir les réfugiés Syriens accueillis à bras ouverts en France. "Ils s'en fichent de nous. Les Syriens, ils arrivent et on les héberge. Nous, on vit déjà ici et c'est quoi la différence ? Il y a la guerre au Soudan au Darfour et c’est à cause de cela que l'on est venu. Ils ne doivent pas faire de distinction entre eux et nous", explique au micro d'Europe1 Badour qui dit avoir fui le Darfour.

"Hébergement pour tous, un mois", et après ? L'attente d'un logement est d'autant plus dure à vivre que les migrants sont dans l'attente de l'évacuation du camp sur laquelle le tribunal doit se prononcer vendredi. Tous seront relogés avant fin septembre assure la mairie de Paris mais le collectif de soutien craint la suite car l'administration fera forcément la différence entre migrants économiques et réfugiés. "Ils nous ont annoncé 'hébergement pour tous un mois'. Au bout d'un mois, on scindera entre ceux qui seront dans le cadre d'une procédure et ceux qui ne le seront pas", explique-t-on du côté de ce collectif. "Les Soudanais seront les premiers éligibles à l'accueil, c'est clair. Pour le reste, ce sont des gens qui viennent de l'Afrique subsaharienne pour beaucoup - Guinée, Tchad, Côte d'Ivoire - et ces gens-là, l'asile, ils ne peuvent pas l'avoir", s'inquiète un membre du collectif de soutien.

Ces personnes-là se retrouveront alors, en effet, en situation d'expulsion après parfois deux ans passés en France. Face à cette incertitude sur leur sort, la tension a monté d'un cran entre les tentes.