Pour les salariés nés après 1967, l'âge de départ sera à 64 ans. 2:15
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Yanis Darras et Barthélémy Philippe
La Première ministre Élisabeth Borne a présenté ce mardi la réforme des retraites souhaitée par le gouvernement. Parmi les mesures annoncées pour tenter de préserver "l'équilibre de notre système" explique-t-elle, le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans. Mais tous les salariés ne seront pas concernés. Europe 1 fait le point. 

Le gouvernement penchait un temps pour 65 ans, finalement, ça sera 64 ans. La Première ministre Élisabeth Borne a présenté ce mardi la réforme des retraites, qui doit permettre selon l'exécutif, de préserver l'équilibre du système de retraite par répartition. Parmi les mesures annoncées pour garder un système de retraite saint, le repoussement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans d'ici à 2030, contre 62 actuellement. Dans les faits, tous les Français ne seront pas concernés de la même manière par ce recul. Progressivité de la réforme, carrière longue, pénibilité... Europe 1 fait le point. 

Les Français nés en 1968 seront les premiers concernés

Actuellement l'âge de départ à la retraite est fixé à 62 ans. Si la réforme entre en application, l'âge légal sera porté à deux ans de plus. Mais ce report se fera de manière progressive. Ainsi, la réforme des retraites s'appliquera aux Français nés dès le second semestre de l'année 1961. Dès lors, chaque année devra trois mois de plus que l'année précédente. Par exemple, pour un citoyen né en octobre 1961, l'âge de retraite sera décalé à 62 ans et trois mois. Un Français né en 1962 devra travailler trois mois de plus et le système continuera de se décaler jusqu'à la génération 1968, qui sera la première à travailler officiellement jusqu'à 64 ans.

La durée de cotisation augmentera également, la réforme des retraites accélérant le calendrier de la réforme Touraine, promulguée en 2014 mais qui allonge la durée de cotisation des travailleurs français seulement depuis 2020. Ainsi, dès 2027, la durée de cotisation sera de 43 ans ou 172 trimestres cotisés. Par ailleurs, l'âge de la retraite à taux plein, qu'importe le nombre de trimestres travaillés, ne change pas et reste fixée à 67 ans.

De multiples exceptions 

Mais dans les faits, jusqu'à 40% des Français ne partiront pas à la retraite à 64 ans chaque année. En effet, le gouvernement veut préserver au maximum les Français ayant une carrière longue. "Le dispositif de carrières longues sera adapté pour qu'aucune personne ayant commencé à travailler tôt ne soit obligée de travailler plus de 44 ans", précise l'exécutif.

Ainsi, si vous avez commencé à travailler à 14 ans et que vous avez validé au moins cinq trimestres avant vos 20 ans, vous pourrez prendre votre retraite dès vos 58 ans, soit six ans avant l'âge légal. Pour ceux qui auront commencé à travailler entre 18 et 20 ans, et sous condition de valider au moins cinq trimestres, le départ se fera à 62 ans. 

Même chose pour les Français ayant un travail dit pénible, en situation d'incapacité ou d'inaptitude. Tous pourront partir près de deux ans avant l'âge légal. Enfin, du côté des salariés du public ayant un régime spécial, l'âge de départ devrait également reculer de deux ans et les nouveaux entrants dans l'entreprise ne profiteront plus de ces régimes spécifiques, le gouvernement ayant acté la suppression pure et simple de ces derniers.

L'opposition en embuscade

Au total, la réforme des retraites devrait apporter "17,7 milliards d'euros d'ici à 2030 aux caisses de retraites", soit bien plus que les "13,5 milliards d'euros" de déficit que le régime aurait connu sans réforme, a expliqué ce mardi le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire. 

Mais cette réforme devra d'abord être débattue et votée par le Parlement, avant d'entrer réellement en vigueur. Si Élisabeth Borne se dit prête "à faire encore évoluer" sa réforme, prônant le "dialogue", les oppositions de gauche et le Rassemblement national comptent bien fmettre un terme au projet.