Qui était Aristide Briand, l’homme qui a porté la loi de 1905 ?

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Europe 1 Studio
Dans un récit inédit "Au cœur de l'histoire", Fabrice d’Almeida revient sur la création de la loi de séparation des Églises et de l’État. Aristide Briand était le rapporteur du projet à l’Assemblée nationale. Découvrez son destin.

AU CŒUR DE L’HISTOIRE. C’est le destin d’un homme de paix qui se noue à partir de 1902 à Saint-Etienne. Au début de sa carrière, Aristide Briand avait été avocat puis journaliste. Mais au tournant du siècle, il se lance en politique et devient donc le député socialiste de la Loire. L’un des premiers textes sur son bureau va entrer dans l’histoire : il participe aux travaux préparatoires de la loi de séparation des Églises et de l'État, en tant que rapporteur, aux côtés du président de la commission Ferdinand Buisson.

 

Découvrez le récit inédit "Au cœur de l'histoire" de Fabrice d’Almeida consacré à la création de la loi de 1905 sur Europe1.fr et toutes vos plateformes habituelles d’écoute. Alors que le président de la République Emmanuel Macron souhaite amender ce texte historique, retour aux origines de cette loi fondatrice de la laïcité à la française.

Synthèse et compromis. Bien vite, les deux hommes se rendent compte que la tâche sera ardue. Pour faire passer le projet, il faut à la fois composer avec des députés d’une gauche radicale, qui souhaitent imposer une vraie mainmise de l’État sur l’Église, et une droite catholique, qui refuse purement et simplement ce texte.

Si Aristide Briand estime que cette loi de séparation est nécessaire, il ne souhaite pas pour autant diviser le pays. Dès lors, sa ligne de conduite est celle de la synthèse, du compromis. Avec un talent oratoire reconnu de tous. C’est ce qui lui permet de convaincre une majorité de députés lors des débats, et que le projet de loi soit voté à 341 voix pour et 233 contre, le 6 décembre 1905. Aristide Briand est ensuite en charge de son application, en devenant ministre de l’Instruction publique et des Cultes.

L’homme d’Etat. Ce texte marque le début d’une grande carrière politique pour Aristide Briand. Au total, entre 1906 et jusqu’en 1932, il sera désigné onze fois président du Conseil et vingt-six fois ministre sous la IIIe République. Son art du compromis reste sa marque de fabrique tout au long de ces années. Lors de l’élection présidentielle de 1920, en tant que socialiste indépendant, il n’hésite pas ainsi à discuter avec la droite catholique pour faire échouer Clemenceau et permettre l’accession au pouvoir de Paul Deschanel.

Prix Nobel de la paix en 1926. Ce rôle de pacificateur connaît un rayonnement au-delà des frontières françaises. Acteur-clé de la fondation de la Société des Nations, chargée de maintenir la paix en Europe après la Première Guerre mondiale, Aristide Briand est aussi derrière les accords de Locarno, dont l’ambition reste la conciliation entre les anciens belligérants de la Grande Guerre. C’est ce qui lui vaut, en 1926, de recevoir le prix Nobel de la paix avec son homologue allemand Gustav Stresemann. Il est aussi à l’initiative du pacte Briand-Kellogg. Ce texte, signé par 63 pays, condamne "le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renonce en tant qu'instrument de politique."

Mais cet engagement ne tarde pas à être bafoué. Aristide Briand meurt en 1932, les nationalismes sont en train de monter. Et la paix en Europe, pour laquelle il s’était tant battu, ne tient plus qu’à un fil.

>> Découvrez l’intégralité du récit "Loi de 1905 : le jour où la France a divorcé de l’Eglise" de Fabrice d’Almeida sur Europe1.fr, Apple Podcasts, SoundCloud et toutes vos plateformes d’écoute habituelles.