Que va-t-il rester de la "jungle" de Calais ?

© François NASCIMBENI / AFP
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Alors que la fin de l'évacuation de la "jungle" de Calais est programmée pour mercredi soir, les associations s'inquiètent du devenir des structures d'accueil pour les nouveaux arrivants. 

"C'est la fin de la jungle aujourd'hui". Voilà ce qu'a déclaré la préfète du Pas-de-Calais mercredi en début d'après-midi alors que l'évacuation de la "jungle" de Calais est programmée dans la soirée. Quelque 6.000 migrants auront donc été pris en charge et conduits dans des centres d'accueil et d'orientation (CAO). Cette opération, suivie et relayée par des journalistes du monde entier, pose néanmoins question : que va-t-il se passer après ? Quel sera le sort des nouveaux migrants qui débarqueront à Calais dans les semaines et mois à venir ? Les structures actuelles, qui sont au cœur même de la "jungle", seront-elles détruites ? Autant d'interrogations qui inquiètent les associations.

Les mots du président. "Notre objectif est le démantèlement complet et définitif du campement de la lande", déclarait quelques jours avant le démantèlement François Hollande, alors en visite à Calais. L'adjectif n'est pas à prendre à la légère car le "complet" fait référence aux structures d'accueil dans la "jungle", à savoir le centre d'accueil provisoire (CAP) et le centre d'accueil pour femmes et enfants Jules Ferry. Soit près de 2.000 migrants pris en charge par l'Etat.

Pour l'instant, l'association "La Vie Active", qui gère les deux centres, confirme à Europe 1 qu'elle n'a aucune information quant à la fermeture, le maintien ou la destruction de ces structures. A l'heure actuelle, les deux centres sont complet, le CAP accueillant notamment les mineurs.

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Va-t-on tout raser ? 

L'inquiétude des associations. Ce flou sur le devenir de la "jungle" inquiète les associations sur place. "Nous n'avons aucune lisibilité sur la suite et c'est vraiment une question importante : 'va-t-on tout raser ?'", s'interroge Vincent de Coninck, chargé de mission au Secours Catholique de Calais.

"Ça serait stupide de créer des structures ailleurs", dénonce de son côté Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam. "Le coût serait élevé et les gens du coin accepteront plus facilement de passer de 10.000 à 500 personnes alors qu'ailleurs, ça sera très compliqué", dit-il. "Il y avait encore plein de gens ce matin qui arrivaient d'Allemagne ", mais espère-t-il, "je pense que l'intelligence prendra le dessus".

Ce que le gouvernement envisage. Prochainement, le préfet Jean Aribaud et le président de l'Observatoire national de la pauvreté Jérôme Vignon, rendront un rapport sur l'après démantèlement. Mais, déjà le gouvernement affiche sa volonté. Contacté par Europe 1, le ministère du Logement affirme que "l'objectif à moyen terme, c'est qu'il n'y ait plus rien sur la lande d'ici la fin de l'année". Il est en effet envisagé d'avoir à la place des structures d'accueil disséminées un peu partout dans la région qui auraient pour mission d'orienter le plus rapidement possible les migrants vers les CAO.

Est-ce alors réaliste de ne plus avoir des centres d'accueil à Calais alors que c'est le point le plus proche de l'Angleterre ? "Il n'y a plus de raisons que les migrants viennent à Calais parce que c'est une impasse", veut croire la préfecture du Pas-de-Calais, contactée par Europe 1. Selon cette dernière, la sécurisation accrue du port et du tunnel, le renforcement des forces de l'ordre ou la lutte contre les filières clandestines rendent "maintenant le passage en Angleterre exceptionnel", soutient encore la préfecture. Reste à savoir si les migrants renonceront à un campement sauvage à Calais, tout près de l’eldorado britannique.