La prostitution des mineurs inquiète les autorités françaises (Illustration). 1:44
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Sandrine Prioul , modifié à
Le gouvernement a présenté lundi un plan interministériel de lutte contre la prostitution des mineurs qui concerne entre 7.000 et 10.000 jeunes en France. La fille de Jennifer était sous l'emprise d'un proxénète qui l'a forcée à se prostituer. Sa mère a raconté à Europe 1 son long combat pour sauver sa fille. 

C'est un phénomène qui inquiète les autorités. Entre 7.000 et 10.000 mineurs se prostitueraient en France. Un chiffre alarmant, qui a poussé les autorités à mettre en place un plan interministériel de lutte contre la prostitution des mineurs. Doté de 14 millions d'euros, ce plan vise à appréhender un phénomène peu connu pour le comprendre, le prévenir et le combattre. La fille de Jennifer était sous l'emprise d'un proxénète qui l'a forcée à se prostituer. Sa mère a témoigné au micro d'Europe 1.

"Elle était sous emprise"

"Ça a été le parcours du combattant", raconte cette mère de famille. "Le proxénète, je l'avais identifié et j'avais des captures d'écran de choses pour montrer que ma fille était bien sous emprise." L'homme en question était le petit ami de la fille de Jennifer. Une réalité que l'entourage de la mère a refusé de voir en face. "Personne ne comprenait que c'était lui son proxénète. On me disait que non, qu'il était son petit ami."

"Elle était éperdument amoureuse de lui, bien sûr, mais elle était sous emprise et il n'était pas son petit ami", explique-t-elle. Sa fille faisait parfois jusqu'à une dizaine de passes par jour. "C'est compliqué à entendre." Cette mère courage est partie plusieurs fois chercher sa fille pour la tirer de cette spirale infernale. "Elle repartait, elle re-fugait. Elle a fait des trucs, ma fille... C'était pas elle, c'était l'emprise. Je suis tombée sur des vidéos tellement affreuses et dégueulasses..."

"J'en veux à la justice"

Dans son entourage, les gens ne comprenaient pas l'acharnement de cette mère de famille pour tirer sa fille des griffes de la prostitution. "On me disait : Mais qu'est-ce que vous faites ? Pourquoi vous vous faites chier ? Elle a voulu partir. En plus, elle vous a volé. Laissez-la faire sa vie. Tout ça parce que les flics n'étaient pas capable d'entendre que ma fille était sous emprise et qu'ils n'ont pas fait d'enquête. C'est moi qui ai dû m'y coller. J'en veux à la justice de ne pas l'avoir fait à ma place", regrette-t-elle. 

Cet épisode traumatisant a laissé des traces chez la jeune fille. "Elle commence à aller mieux. Elle arrive à occuper toutes les pièces de la maison alors que quand elle est rentrée, elle n'occupait que son lit tellement elle avait l'habitude pendant deux ans de vivre uniquement sur un lit. Elle reprend pied, mais ça prend du temps."