• Copié
Laetitia Drevet
L'Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis publie un rapport inédit sur la prostitution des mineures. Sa présidente, Ernestine Ronai, s'exprime au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Elles ont entre 11 et 17 ans et sont entre 5.000 et 8.000 en France. Mardi, l'Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis publie un rapport inédit sur la prostitution des mineures. La présidente de cet observatoire, Ernestine Ronai, commente les résultats sur Europe 1.

L'enquête à l’origine du rapport a été réalisée en Seine-Saint-Denis sur plusieurs mois, en analysant notamment 19 dossiers de mineures prises en charge par le tribunal de grande instance de Bobigny. Dans leurs profils, beaucoup de similitudes. "Dans neuf cas sur dix, leur parcours de vie est marqué par la violence, en particulier des violences sexuelles très graves, viols et viols collectifs", affirme Ernestine Ronai. Une violence qui les a souvent accompagnées tout au long de leur enfance. "Les mères de six filles sur dix ont subi des violences conjugales de la part du père", ajoute-t-elle. 

"Rapport difficile à la scolarité"

Autre élément commun mis en lumière par l'étude : "un rapport difficile à la scolarité" et des fugues très fréquentes. "C'est sans doute l'élément le plus repéré par les professionnels", précise Ernestine Ronai. Une mineure sur deux fait par ailleurs partie d'un réseau de prostitution. "Souvent, c'est une petit copain ou une amie qui les entraîne." Pour approcher les clients, un moyen est privilégié : les réseaux sociaux. 

Si l'étude se concentre sur la Seine-Saint-Denis, Enerstine Ronai estime que les résultats ne sont pas spécifiques au département. "Mes collègues de Paris me racontent des choses assez semblables", assure-t-elle. Aujourd'hui, la priorité est à la prévention, et à une meilleure formation des professionnels de l'enfance et de l'adolescente. "Il faut avant tout les croire quand elles révèlent des violences, et les protéger en amont en réprimant les agresseurs", plaide Ernestine Ronai. En France, entre 5.000 et 8.000 adolescentes seraient concernées.