Procès du Mediator : "il n'y a pas eu de tromperie, donc pas d'escroquerie", martèle le président du groupe Servier

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Le procès contre Servier et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) se tiendra au tribunal correctionnel de Paris à partir de lundi (photo d'illustration). © AFP
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"L'instruction a été menée à charge", estime Olivier Laureau dans "Le Journal du Dimanche" alors que le procès de son groupe doit se tenir au pénal à partir de lundi. 

"Qu'on parle enfin de science." Voilà ce qu'assure attendre Olivier Laureau, président du groupe pharmaceutique Servier, du procès qui s'ouvre lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Interrogé par le Journal du Dimanche, le responsable dit sa compassion pour les victimes du Mediator mais martèle que son entreprise, poursuivie pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence", n'a "jamais pu faire valoir (ses) arguments". 

3.749 patients ont reçu une offre d'indemnisation

"Nous regrettons ce drame", pose Olivier Laureau à propos du médicament, tenu pour responsable de centaines de morts et retiré du marché fin 2009. "Tous les collaborateurs du groupe le regrettent : la vocation d'une grande entreprise qui compte de nombreux médecins et chercheurs parmi ses salariés, c'est de découvrir des médicaments pour sauver des vies." Et de rappeler qu'"au 19 septembre, 3.749 patients avaient reçu une offre d'indemnisation pour un montant total de 17,4 millions d'euros, dont 13,6 millions d'euros déjà versés." 

"Nous sommes responsables civilement", poursuit le président du groupe. "Mais lors du procès pénal (à partir de lundi, et qui doit durer plusieurs mois, ndlr), nous démontrerons que nous n'avons pas trompé." Jugeant que "l'instruction a été menée à charge", Olivier Laureau et son groupe ont déposé trois questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), dont une porte sur une partie des cas retenus par la justice : "Nous estimons, à la lumière de la jurisprudence, que certains faits sont prescrits." 

"Le Mediator n'était pas un 'blockbuster'"

Sur le fond, "il n'y a pas de tromperie, donc pas d'escroquerie", estime Olivier Laureau. "Au vu des éléments dont les autorités et les laboratoires Servier disposaient, le retrait du médicament avant 2009 n’a pas été décidé", souligne-il. "En 2005, il y a eu des signaux d’alerte. L’Agence (nationale de sécurité du médicalement, l'ANSM, ndlr)a dit qu’ils n’étaient pas significatifs, que le risque de toxicité n’était pas avéré. Nous avons décidé de lancer une étude pour l’évaluer. Elle s’est achevée en 2009 et a conduit au retrait du médicament."

Le président du groupe note enfin que "le Mediator n'était pas un 'blockbuster', comme on dit dans le secteur pharmaceutique. Les dix dernières années de sa commercialisation, il représentait à peine 1,6 % de notre chiffre d’affaires."