Procès canonique du père Preynat : "l'Église n'a pas l'habitude de se remettre en question"

Le père Preynat va être jugé par ses pairs à Lyon.
Le père Preynat va être jugé par ses pairs à Lyon. © JEFF PACHOUD / AFP
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Mathilde Belin , modifié à
François Devaux, président de l'association de victimes du père Preynat, estime mardi au micro de Matthieu Belliard que l'État devrait s'impliquer dans ce type d'affaires de pédophilie qui secouent l'Église. 
INTERVIEW

Le procès canonique du père Preynat a repris après un an de suspension : ce prêtre du diocèse de Lyon, âgé aujourd’hui de 72 ans, est accusé d’avoir agressé sexuellement au moins 70 jeunes scouts dans les années 1980/90. François Devaux, victime du prêtre et président de l’association La Parole libérée, confie sur Europe 1 ne rien attendre de cette procédure organisée par l’Église catholique. "J’attends de voir comment cela va se dérouler, et essayer de comprendre comment tout ça fonctionne surtout. On découvre, on a très peu d’éléments sur l’expertise de ce procès", déclare François Devaux au micro de Matthieu Belliard mardi.

"Remettre l'Église en question". D’ordinaire, les procès canoniques de l’Église règlent des affaires de type annulation de mariage, et non de pédophilie. Ce procès interne, d’abord dit "pénal administratif", est désormais "judiciaire" : il permet aux victimes de se constituer partie civile et de demander réparation. Mais pour François Devaux, les victimes attendent plus qu’une indemnité de l’Église : "On est dans une certaine démarche, on n’est pas là pour nos situations personnelles. Si on fait ce recours, c’est plus pour remettre en question l’Église sur ses fonctionnements."

Pour une enquête menée par l'État. "On est des espèces de pionniers (…) On espère, on essaye de la remettre en question, mais ce n’est pas facile, l’Église n’a pas l’habitude de se remettre en question", ajoute-t-il. François Devaux estime à ce stade que l’État devrait s’impliquer dans ce type d’affaires qui secouent l’Église. "Il n’y a qu’une solution : c'est la mise en place d’une enquête étatique", avance François Devaux, qui a déjà pris contact avec des parlementaires.

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Deux procès en parallèle. Le procès canonique du père Preynat, débuté en février 2016, a été suspendu en août 2017 pour ne pas interférer avec la procédure de la justice qui vise le cardinal Barbarin, poursuivi pour ne pas voir dénoncé des agressions pédophiles dans son diocèse. Le cardinal doit comparaître devant le tribunal correctionnel en janvier prochain. Le père Preynat a quant à lui été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en mars 2016 pour agressions sexuelles, et a été interdit par l’Église d’exercice de son ministère en public comme en privé. Avec ce procès canonique, il encourt le renvoi de l’état clérical.