Privatisation des radars embarqués : les opposants dénoncent "un trait d’union entre l’argent et la Sécurité routière"

A partir de septembre prochain, les radars embarqués seront gérés par des entreprises privées
A partir de septembre prochain, les radars embarqués seront gérés par des entreprises privées © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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M.Lo. , modifié à
A partir de septembre prochain, la gestion des voitures accueillant des radars embarqués sera confiée à des entreprises privées. Une mesure "scandaleuse" selon une association de défense des automobiliste.

Le gouvernement doit donner cette semaine le détail du programme de privatisation des radars embarqués. Ces dispositifs sont installés dans des voitures banalisées et peuvent flasher en roulant. Mais les autorités jugent le dispositif peu rentable et ont décidé de confier la gestion de ces véhicules à des entreprises privées dès septembre prochain. Les associations de défense des automobilistes y voient surtout une volonté de verbaliser un maximum d’usagers de la route.

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière et Pierre Chasserey, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes en ont débattu ce lundi sur l’antenne d’Europe 1.

L’efficacité du dispositif actuel remise en question. Premier tort de ces radars selon les autorités en charge de la Sécurité routière : ils ne servent pas assez. "Aujourd’hui nous avons 380 voitures qui sont conduites, soit par deux policiers soit par deux gendarmes. Or ils ne font pas grand-chose à bord de ces véhicules" précise Emmanuel Barbe à notre antenne. Selon lui, le fonctionnement de ce dispositif ne fait pas ses preuves "pour faire baisser la vitesse sur les routes" puisque "les voitures tournent moins d’une heure par jour".

Vers un "impératif de rentabilité". Pierre Chasserey, de l’association 40 millions d’automobilistes voit dans la décision du gouvernement une volonté de "faire du chiffre". "Nous ne sommes pas d’accord pour mettre un trait d’union entre les entreprises, donc l’argent, et la Sécurité routière", détaille-t-il. Selon lui, l’impératif de rentabilité d’une société privée est peu compatible avec la volonté de renforcer la sécurité sur les routes. "Avec 440 voitures qui roulent huit heures par jour et qui flashent une fois toutes les deux minutes à 56 euros la contravention en moyenne ça fait 2,2 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat chaque année", selon son calcul.

Mais "les sociétés ne verront pas combien d’infractions ont été constatées", lui répond Emmanuel Barbe et elles "iront là où on leur dit en fonction de l’accidentologie (…) on va remettre 400 hommes sur les routes grâce à ça" qui pourront faire d’autres contrôles : alcoolémie, téléphone au volant…  "Ce n’est pas à des officiers de police judiciaire que nous avons formés dans les écoles de faire ces tâches ancillaires" insiste le délégué.

Une expérimentation en Normandie. La mesure a été annoncée le 2 octobre 2015 par le gouvernement. Le pilotage des voitures transportant ces radars sera confié à des prestataires privés et agréés par l’État, pour multiplier les contrôles. Mise en place dans toute la France en septembre prochain, la mesure a été expérimentée en Normandie.

"Encore une fois, la personne qui roule normalement n’a rien à craindre", rappelle Emmanuel Barbe. En janvier dernier, Bruno Le Roux avait assuré que les sociétés privées "ne seront pas rémunérées au nombre d’infractions mais au temps que le radar aura passé sur la route".

Une manifestation numérique d’opposants. Farouchement opposée à cette "mesure scandaleuse", l’association 40 millions d’automobilistes a recueilli 300.000 signatures dans une pétition contre cette privatisation. Elle a aussi lancé une "manifestation numérique" et invite les opposants à remplir un formulaire en ligne en joignant leur photo.