Premières condamnations ou relaxes pour les "gilets jaunes" de "l'acte 4" à Paris

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© Sameer Al-Doumy / AFP
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avec AFP , modifié à
Au moins cinq salles d'audiences ont été réservées au sein du tribunal correctionnel de Paris pour pouvoir juger en comparution immédiate le nombre record de personnes interpellées samedi dans la capitale.

Condamnation à de la prison, amende, relaxe… De jeunes hommes ont commencé à comparaître lundi au tribunal correctionnel de Paris pour répondre des violences lors des manifestations de samedi, "acte 4" de la mobilisation des "gilets jaunes" en France.

Un dispositif hors normes. Plusieurs dizaines de personnes devaient être jugées dans l'après-midi en comparution immédiate, une procédure rapide qui intervient dans la foulée de la garde à vue, dans cinq salles d'audiences. Jusqu'à dix salles pourront être mobilisées et les tribunaux de Bobigny, Créteil ou Nanterre appelés en renfort, après un nombre record d'interpellations dans la capitale : 1.400 arrestations samedi, qui ont abouti à un millier de gardes à vue.

Le torse frappé par un flash-ball. Deux mois de prison ferme pour le premier condamné : Xavier, 26 ans, pull et regard noirs, sans emploi depuis deux mois, venu de Laval. "J'ai juste jeté un caillou quand on m'a mis un flash-ball", a-t-il expliqué, regrettant un geste qui "décrédibilise un peu [...] les 'gilets jaunes', un mouvement noble". Son torse portait encore la marque ronde du projectile, son avocat a plaidé que "la violence entraîne la violence", tandis que le procureur navré rappelait qu'"il n'y a pas si longtemps, les policiers étaient encensés pour assurer notre défense" dans le contexte des attentats djihadistes dans la capitale.

"C'était nul de faire ça". Valentin, 22 ans, T-shirt rouge frappé du visage de Che Guevara, a reconnu avoir "renvoyé une grenade lacrymogène" en direction des forces de l'ordre pour éviter d'être "pris à la gorge". Carrossier-peintre, il explique avec un léger accent de chez lui, en Haute-Marne, qu'il n'a "pas réfléchi", que "c'était nul de faire ça". Le procureur a requis trois mois ferme parce qu'on "ne peut pas plaider le malheureux concours de circonstances après ce qui s'est passé la semaine dernière". Le jeune homme, qui gagne 1.500 euros par mois, a été condamné à 60 jours amendes à 20 euros, soient 1.200 euros. Son avocate a demandé au tribunal de bien vouloir l'informer que s'il paie dans le mois qui vient, son amende soit minorée de 20%, "parce que c'est une somme quand même".

Des jeunes sans emploi ou aux revenus modestes. Également arrêté près des Champs-Elysées, un troisième jeune homme venu du Havre "pour manifester" a été relaxé : l'accusation lui reprochait le port d'un cache-cou, d'un masque en papier et un SMS à une amie à qui il disait avoir "peut-être envie de casser". Les comparutions se poursuivaient dans l'après-midi, avec des profils de jeunes hommes souvent au chômage ou à faible revenu, essentiellement poursuivis pour la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences, et pour des jets de projectiles contre les forces de l'ordre.