La DGSE est installée boulevard Mortier à Paris depuis 1945. 2:43
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Didier François édité par Léa Leostic , modifié à
La Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) quittera en 2028 son célèbre site historique, surnommé "la Piscine" et situé boulevard Mortier, dans le nord de Paris, pour s’installer à Vincennes. Un déménagement qui aura lieu pour un bâtiment deux fois plus grand, plus moderne et plus adapté aux besoins d’aujourd'hui, notamment en matière de cyberdéfense. 

Les agents de la DGSE vont quitter leur quartier général du boulevard Mortier, dans le nord de Paris, pour s’installer dans une toute nouvelle caserne aux installations ultra-modernes, en lisère du bois de Vincennes. Ce déménagement, prévu pour 2028, a été décidé par Emmanuel Macron, qui est venu l’annoncer en personne jeudi aux officiers de la "Centrale", cette vieille caserne qui jouxte la piscine des Tourelles, d’où le surnom "la Piscine" popularisé par les divers films et romans d’espionnages. C’est là que le quartier général historique des services français de renseignements extérieurs s’est installé en 1945, à la Libération.

Des aménagements contraints par l’architecture d’origine

Depuis, il a été maintes fois modernisé, avec la construction d’une grande tour centrale dans les années 1970. Plus récemment, en 1997, une seconde parcelle a été ajoutée, de l’autre côté du boulevard, reliée à l’immeuble de la Direction générale par un long sous-terrain doté d’escaliers mécaniques. Mais les lieux restent extrêmement contraints par l’architecture d’origine des bâtiments, qui n’avaient pas été conçus pour abriter un grand service moderne, capable d’utiliser tous les moyens actuels de recueil et d’exploitation du renseignement.

Le nombre d'agents a doublé en 30 ans

Au fil des années, le nombre d’agents secrets a aussi beaucoup augmenté : il a même doublé en 30 ans. En 1991, la DGSE comptait 3.500 officiers. Aujourd'hui, ils sont plus de 7.000. Surtout, le travail de la DGSE s’est terriblement complexifié. Les missions d’aujourd’hui demandent d’intégrer systématiquement des capacités d’interception cyber. Des spécialistes de différentes directions du service doivent également travailler ensemble dans une même salle. Les bureaux surpeuplés se sont ainsi multipliés, avec des fils et des branchements électriques dans tous les sens, ce qui ne pouvait plus durer.

Plus qu’un simple déménagement

L’idée présentée par le directeur général Bernard Emié au président de la République et à la ministre de la Défense Florence Parly est bien plus qu’un simple déménagement. Il s’agit en fait de doter la DGSE d’un outil de commandement qui soit à la hauteur de ses ambitions et, surtout, des menaces actuelles. Parce qu’entre le terrorisme et la montée en puissance des nouveaux Etats comme la Turquie, la Chine, l’Iran ou encore la Russie, il faut mettre en place des structures puissantes, capables de fournir des accès techniques à toutes les autres agences de premier cercle de la communauté du renseignement : la DGSI à l’Intérieur, la Direction du Renseignement militaire (DRM), la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense (DRSD) ou le Commandement cyber pour les Armées.

Le site de Vincennes s’étendra sur 20 hectares, soit deux fois la taille du bâtiment actuel, mais sera surtout doté de capacités informatiques qui sont celles de l’avenir. Le montant du projet s’élève à 1,3 milliard d'euros.