Jean-Marc Sauvé est à la tête d'une commission chargée par l'épiscopat français d'enquête sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique.
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François Devaux, président de l'association d'anciennes victimes de prêtres pédophiles "La parole libérée", a regretté vendredi sur Europe 1 que la commission d'enquête de l'épiscopat ne comporte pas de victimes en son sein.
INTERVIEW

Elle s'apprête à débuter ses travaux. La commission chargée par l'épiscopat d'enquêter sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église depuis les années 1950, présidée par Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d'État, aura deux ans pour "faire la lumière" sur les affaires de pédophilie au sein de l'Église catholique. Mais, déjà, des critiques émergent sur sa composition.

"Elle perd en crédibilité et en légitimité". De fait, la commission Sauvé comprend 22 membres, 10 femmes et 12 hommes, qui ont chacun des compétences juridiques, médicales, psychologiques, psychiatriques, ou viennent des secteurs social, éducatif, protection de l'enfance, histoire et sciences sociales ou encore théologie. En revanche, aucune ancienne victime n'y figure. "On peut juste reprocher que cela manque de victimes au sein de cette commission", a pointé François Devaux, président de l'association "La parole libérée", sur Europe 1 vendredi. "Je trouve qu'elle perd en crédibilité et en légitimité."

Une commission indépendante. Néanmoins, François Devaux s'est dit "confiant", notamment sur le caractère indépendant de cette commission. "Je crois en Jean-Marc Sauvé, je crois qu'il a les mains complètement libres", a-t-il déclaré. Pour lui, il est nécessaire que les 22 membres de la commission "fassent la lumière, un constat pur et simple, statistique, sur la réalité des crimes commis et couverts par l'Église".

Manque de statistiques. François Devaux a aussi regretté qu'il n'existe pas de commission d'enquête parlementaire sur le sujet, afin de pouvoir investiguer sur la pédophilie dans l'ensemble des institutions. "Il y a un problème global de pédophilie dans notre société, et un problème particulier dans l'Église qui est celui de la couverture de ces crimes. Mais un état des lieux statistiques est indispensable et, à mon avis, à la charge de l'État." D'autant que, selon lui, les chiffres qui pourront être dégagés par la commission Sauvé "n'ont d'intérêt que par comparaison avec [ceux] des autres institutions".