Les dernières annonces du gouvernement français inquiètent les pêcheurs qui tiennent à leur métier 1:41
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Charles Guyard
Le gouvernement a annoncé jeudi qu'il réfléchissait à un plan d'indemnisation pour les pêcheurs qui n'obtiendraient pas de licence pour aller pêcher dans les eaux anglaises. La décision française est vue d'un très mauvais œil par les pêcheurs de Saint-Malo. Europe 1 les a rencontrés.
REPORTAGE

C'est une annonce qui a tout de l'abdication. Le gouvernement a annoncé jeudi qu'il réfléchissait à un plan d'indemnisation destiné aux bateaux qui n'obtiendraient pas le renouvellement de leur licence pour aller pêcher dans les eaux britanniques. Une enveloppe de 40 à 60 millions d'euros serait à l'étude. Elle servirait à indemniser les bateaux dont la survie économique repose en grande partie sur la pêche dans les eaux britanniques. Dans le port de Saint-Malo, les pêcheurs sont résignés.

"On a l'impression que la France baisse les bras"

Il est 19 heures à Saint-Malo. Les quais du port sont plongés dans la nuit noire. Maxime Prével et ses hommes déchargent des caisses d'araignées de mer pêchées autour de Jersey et Guernesey. C'est la fin d'une longue et laborieuse journée, mais ce capitaine aime ça. Hors de question pour lui de troquer son travail sur ce bateau de 16 mètres contre une indemnité. "J'aime mon métier et je préfère aller en mer et aller gagner le fruit de mon travail. Il y avait un traité jusqu'en 2025. Là on se fait déjà bousculer et on n'est qu'en 2021. On a l'impression que la France baisse les bras. Ça fait penser à un renoncement. Ça fait peur", s'inquiète le pêcheur.

Julien Camus, lui, est plus amèr. Sa licence pour remonter de la Saint-Jacques des eaux britanniques n'a pas été renouvelée cette année et les raisons lui échappent. Son bateau, qu'il a acheté récemment, est loin d'être remboursé. Faute de licence, il doit rester au port. Un cauchemar : "On a acheté ce bateau exprès parce qu'il avait ce sésame pour pouvoir aller dans les eaux anglaises. C'était notre deuxième saison de pêche. On s'attendait à pouvoir enfin se payer sur la deuxième année et on se retrouve au mois de novembre à quai. C'est triste." Pour les pêcheurs, la situation est intenable. Ils réfléchissent à des actions à mener à terre ou en mer.