Patrick Timsit : "L'exclusion, le mépris, l'indifférence des gens m'indignent"

Patric Timsit - Europe 1
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Anaïs Huet , modifié à
Patrick Timsit adapte sur scène, à l'Opéra comique à Paris, l'œuvre d'Albert Cohen "Le Livre de ma mère". Tous les bénéfices seront reversés au Samu social, pour lequel le comédien a un engagement très fort et de longue date.
INTERVIEW

Entre Albert Cohen, l'auteur de Belle du Seigneur, et Patrick Timsit, il y a plus de points communs que l'on ne pourrait l'imaginer. Sur la scène de l'Opéra comique, le comédien jouera une adaptation du Livre de ma mère, publié en 1954 par l'écrivain. 

Deux immigrés. Les deux hommes ont tout deux vécu l'immigration. Albert Cohen est parti de Corfou, en Grèce, et s'est arrêté à Marseille puis à Genève. "Moi, je suis arrivé d'Algérie à l'âge de deux ans. Je me suis arrêté à Marseille puis à Paris", raconte Patrick Timsit à Nikos Aliagas, vendredi matin sur Europe 1. Tout deux ont dû s'intégrer à leur terre d'accueil. Dès lors, les mots d'Albert Cohen résonnent dans l'esprit du comédien, sensible depuis toujours à la cause de ceux que le système a exclu. Ces "rien du tout, des isolés, sans nul contact avec l'extérieur", dont parlait justement Albert Cohen.

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"Il suffirait d'un geste". C'est aussi pour cela qu'il a choisi de reverser les bénéfices des représentations du Livre de ma mère au Samu social, pour qui il s'investit personnellement depuis de nombreuses années. "L'engagement m'est venu tout naturellement. (…) L'exclusion, le mépris, l'indifférence des gens m'indignent", affirme le comédien. Avec son ami et "mentor" Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social de Paris, il effectue régulièrement des maraudes. "En sous-marin, car je n'avais pas envie que ça se sache", glisse-t-il. "On s'excuse nous-mêmes de ne rien faire. Alors qu'il suffirait d'un geste : s'arrêter, appeler le 115, vérifier l'état de la personne, avoir de la compassion", assure-t-il.

 

"Ça peut arriver à tout le monde". Patrick Timsit, qui se considère lui-même comme "un modèle d'intégration", a choisi de tendre la main aux plus défavorisés, et a appris beaucoup sur la manière d'aborder ceux qui sont dans la rue. "C'est carrément le langage indien, le langage des mains, ne pas être trop près ou trop loin. Les rassurer et surtout ne rien demander, ne pas les mettre dans une situation délicate qui les diminue encore plus. Moi, j'ai vu des gens qui étaient tombés la veille dans la rue, qui avaient encore leur attaché-case, en costume cravate. Ça peut arriver à tout le monde."