Quotas en entreprise : «Les femmes feront la différence», s'enthousiasme Elisabeth Moreno

Elisabeth Moreno
Elisabeth Moreno défend la mise en place de quotas pour atteindre la parité dans les entreprises © Europe 1
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Solène Delinger , modifié à
Invitée au micro d'Elisabeth Assayag et d'Emmanuel Duteil dans "La France bouge", Elisabeth Moreno a farouchement défendu l'instauration de quotas de femmes aux postes de direction dans les grandes entreprises. La ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes en est persuadée : les femmes seront à la hauteur et feront la différence.
INTERVIEW

Tantôt plébiscités, tantôt décriés, les quotas font toujours débat. Elisabeth Moreno, elle, a choisi son camp. Invitée au micro d’Elisabeth Assayag et Emmanuel Duteil dans La France bouge, la ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes, a estimé que la mise en place des quotas de femmes dans les entreprises était une nécessité pour briser le plafond de verre.

La proposition de loi sur l’égalité économique et professionnelle entre femmes et hommes, portée par ses collègues de la majorité Marie-Pierre Rixain et Christophe Castaner, a été définitivement été adoptée par le Parlement le 17 décembre. Le texte inclut une obligation pour toutes les entreprises de plus de 1.000 salariés de compter, d’ici 2027 , au moins 30% de femmes parmi leurs cadres dirigeants et au sein de leurs instances, et 40% d’ici 2030, sous peine de sanctions financières.

Pas de "meilleure méritocratie" que les quotas

"Christophe Castaner et Marie-Pierre Rixain se sont battus pour faire en sorte que cette loi passe. Beaucoup de personnes y étaient opposées parce qu’elles craignaient que ce soit la fin de la méritocratie", a expliqué Elisabeth Moreno au micro d’Europe 1. La ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes trouve cet argument absurde :  "Moi qui ai passé trente ans de ma vie dans le monde de l'entreprise, des plus petites aux plus grandes, je peux vous dire que la méritocratie, c'est donner la possibilité aux personnes qui ont du talent, qui ont des compétences, qui ont des capacités, qui ont la motivation, d’accéder aux postes de responsabilité". Pour Elisabeth Moreno, il n'y a d’ailleurs "pas de meilleure méritocratie, justement, que de mettre en place ces quotas qui disent que d'ici cinq ans, il faut que nous ayons 30% de femmes dans les postes de direction et qu'il y en ait 40% dans huit ans".

La ministre regrette que les femmes fassent toujours l’objet de procès en incompétences. "Les femmes sont aussi diplômées et compétentes que les hommes", insiste-t-elle. Mettre en place ces quotas n’est donc en aucun cas une question de charité mais de justice sociale. "Les quotas sont là pour accélérer ce processus. Il y a moins de vingt femmes qui dirigent les 120 plus grandes entreprises de France. Et pourtant, j’ai rencontré une ribambelle de femmes capables, compétentes, prêtes".

"On ne devrait pas avoir à voter une telle loi en 2021"

Elisabeth Moreno considère que les quotas sont une étape nécessaire pour aller vers la parité en entreprise mais qu’ils ne sont pas une fin en soi. "J’espère que ce ne sera que temporaire et que, bientôt, on n’aura plus besoin de quotas pour avancer". La ministre regrette qu’il faille en arriver à de telles mesures pour espérer atteindre l’égalité. "On ne devrait pas, en 2021, avoir à voter une loi pour que les femmes puissent accéder aux postes auxquels elles aspirent", déplore-t-elle. "Mais on part de tellement loin, le mouvement est tellement lent…".

Un outil pédagogique

Les quotas sont avant tout un outil pédagogique, une manière de pousser les chefs d’entreprise à aller chercher des femmes parce que la mixité et la diversité ne peuvent que leur être bénéfiques. "Parce qu’on innove, parce qu’on crée, parce qu’on invente différemment", souligne Elisabeth Moreno. "Je veux dire aux femmes qui vont avoir ces responsabilités qu’elles n’ont pas à rougir d’être passées par là (les quotas). Je pense qu’elles feront la différence dans les entreprises, comme elles le font déjà aujourd’hui".  

Outre les quotas, le texte prévoit l'obligation de verser le salaire et les prestations sociales individuelles sur un compte bancaire dont le salarié est le détenteur ou le codétenteur. Avec un objectif : prévenir les violences économiques au sein du couple.