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Gwladys Laffitte avec AFP
Après 6 ans de rebondissements autant au niveau sportif que judiciaire, Karim Benzema comparaît pour trois jours dans l'affaire dite de la "sextape". Le joueur est accusé de "complicité de tentative de chantage" et risque 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.

Une banale histoire de chantage qui a couté très cher à Mathieu Valbuena et à Karim Benzema. Après 6 ans de rebondissements autant au niveau sportif que judiciaire, l'attaquant du Real Madrid comparaît mercredi, pour trois jours, devant le tribunal correctionnel de Versailles, dans l’affaire dite de la "sextape". En 2015 son coéquipier Mathieu Valbuena avait été victime de chantage. Des maitres-chanteurs l’avaient menacé de divulguer une vidéo intime.

5 ans de prison et 75.000 euros d’amende

Cinq personnes vont être jugées dans cette affaire, dont Karim Benzema, qui encourt 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende pour "complicité de tentative de chantage". Mais le nom de l'attaquant n'apparaît dans le dossier que 4 mois après la plainte de Mathieu Valbuena. Car tout commence avec Axel Angot et Mustapha Zouaoui, deux hommes gravitant dans le milieu du football professionnel et considérés par les enquêteurs comme les instigateurs de l'entreprise de chantage. 

Le premier, qui s'occupe du matériel informatique de plusieurs joueurs, tombe sur une vidéo intime de Mathieu Valbuena quand ce dernier lui confie son téléphone pour transférer des données. Il la conserve et en parle à son ami Mustapha Zouaoui, connu à Marseille pour fournir les footballeurs en accessoires de luxe. Les deux hommes voient l'occasion d'en tirer profit. Ils joignent une connaissance qui a des contacts dans le milieu du football, Younes Houass. 

Ce dernier appelle Mathieu Valbuena le 3 juin 2015, en plein rassemblement de l'équipe de France, pour parler de la vidéo mais sans demander de contrepartie financière. Le joueur avait été prévenu dès mai 2015 de l'existence de cette "sextape" par l'ancien international Djibril Cissé, qui lui avait décrit les quelques images qu'il avait pu voir.

Après l'appel de Younes Houass, Mathieu Valbuena comprend d'où vient la vidéo et décide d'alerter la police, qui missionne aussitôt un agent pour jouer l'intermédiaire. C'est le fameux "Lukas", dont le rôle est pointé du doigt par les avocats de la défense. Ils l'accusent d'avoir incité les protagonistes de l'affaire à commettre une infraction. Il est celui qui "initie, relance et propose" à chaque fois un arrangement, selon Me Serge Money, avocat de Mustapha Zouaoui.

Une "pression délictuelle" de l'attaquant selon Mathieu Valbuena

Après de longs rebondissements judiciaires, la Cour de cassation tranche en décembre 2019 et valide l'enquête. Younes Houass assure de son côté qu'il n'a jamais souhaité demander de l'argent, qu'il a simplement voulu "rendre service" pour se faire une "réputation" dans le milieu des footballeurs.

Pendant ce temps, grâce aux écoutes téléphoniques, les enquêteurs interceptent une conversation entre Mustapha Zouaoui et un interlocuteur anonyme qui promet d'envoyer un émissaire pour discuter avec Mathieu Valbuena. Les policiers préviennent alors le joueur qu'un complice des malfaiteurs présumés va entrer en contact avec lui. Mathieu Valbuena ne sait pas à ce moment-là que l'interlocuteur anonyme de Mustapha Zouaoui n'est autre que Karim Zenati, un ami d'enfance de Karim Benzema.

Constatant que les négociations étaient au point mort entre "Lukas" et Younes Houass, les maîtres chanteurs ont décidé de passer par un autre intermédiaire pour arriver jusqu'à Mathieu Valbuena. Karim Benzema le retrouve le 6 octobre 2015 à un rassemblement de l'équipe de France et lui parle de la vidéo pour l'aider à "gérer" cette épreuve, selon ses dires. "Attention Math, c'est des gros, gros voyous", prévient le joueur qui lui assure qu’il n’y aura pas de copie de la vidéo.  

Une "pression délictuelle" selon Mathieu Valbuena, qui découvre alors "que celui qu'il considérait comme son ami est de mèche avec ceux qui le font chanter", d'après son avocat, Me Paul-Albert Iweins. 

"Complicité de tentative de chantage"

Le 4 novembre, Karim Benzema est placé en garde à vue à Versailles puis mis en examen le lendemain pour "complicité de tentative de chantage" et "participation à une association de malfaiteurs", un second chef d'accusation qui sera finalement abandonné. Son ami d'enfance Karim Zenati, déjà condamné plusieurs fois par la justice, est lui placé en détention provisoire pour trois mois.

Entre-temps, le 13 octobre, Mustapha Zouaoui, Axel Angot et Younes Houass ont eux aussi été mis en examen et écroués. Djibril Cissé ne sera mis en examen que le 24 février 2017, lui aussi pour "complicité de tentative de chantage", avant de bénéficier d'un non-lieu. À partir de cette affaire, Karim Benzema et Mathieu Valbuena ne sont plus appelés en équipe de France par le sélectionneur Didier Deschamps. L'attaquant du Real Madrid fera son retour surprise parmi les Bleus à la veille de l'Euro-2021.