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Jean-Luc Boujon, édité par Alexandre Dalifard et Gauthier Delomez / Crédit photo : BENJAMIN POLGE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Face à la colère des agriculteurs, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait annoncé le doublement des contrôles pour vérifier l'origine des produits en rayon dans les supermarchés ainsi que sur les marchés. Pour l'occasion, Europe 1 s'est rendue à Lyon où des enquêteurs de la DGCCRF ont fait escale place Guichard. 

Cinq jours après la levée des barrages, les agriculteurs restent attentifs à la mise en œuvre des annonces du gouvernement. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, avait notamment annoncé le doublement des contrôles pour vérifier l'origine des produits en rayon dans les supermarchés, mais aussi sur les marchés. Ce mardi matin, des enquêteurs de la Répression des fraudes ont fait une escale au marché de la place Guichard, dans le 3e arrondissement de Lyon.

 

"C'est compliqué de tout gérer quand on est seul"

Les contrôles se multiplient, notamment sur les étals de ce marchand de fruits et légumes. "Bonjour, on va vérifier l'information du consommateur, les prix, les origines, etc.", annonce au commerçant un inspecteur. Sur son étal, pas de fruits et légumes étrangers étiquetés en produits français. Mais, malgré tout, plusieurs manquements sont observés. "Il y a quand même plusieurs origines qui sont manquantes au niveau de ses affichages. Il en manque au moins un tiers. Ce sont des contraventions de cinquième classe, 1.500 euros par produit", explique un inspecteur de la Répression des fraudes. 

David, le commerçant en question, plaide la bonne foi, mais n'est pas ravi de l'amende. "On paiera. Si je fais une erreur, je la ferai qu'une fois à ce prix-là. Mais comme je vous dis, c'est compliqué de tout gérer à notre arrivée quand on est tout seul. On a pas mal de monde présents à 7h15 et qui vous pressent. On n'a pas trop le temps, on met vite les ardoises pour que les clients puissent voir les prix, c'est très compliqué", déplore-t-il au micro d'Europe 1.

Des contrôles doublés en 2024

Autre exemple sur un autre étal. Léna Pouillot, inspectrice, remarque que les légumes exposés ne viennent pas de France, contrairement à ce qui est affiché. "Le monsieur met en avant des aubergines et des carottes origine France, et il s'avère que les carottes viennent d'Italie et les aubergines d'Espagne. On l'a vérifié notamment avec les cagettes qui contiennent ces légumes", explique-t-elle, détaillant qu'il s'agissait "d'un délit : c'est de la pratique commerciale trompeuse. La sanction maximum qui peut être prononcée est de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende."

Ici, le commerçant plaide l'erreur d'inattention. "Je me suis trompé... Normalement, j'achète toujours chez le producteur, toujours de France. Mais cette fois-ci, je n'ai pas contrôlé la provenance. Ça arrive...", se défend-il. Cet exemple montre la nécessité de renforcer ces contrôles, affirme Mathias Tinchant de la direction de la Protection des populations. "Cette année, on va doubler le nombre de contrôles", annonce-t-il, "pour pouvoir accentuer la pression sur l'ensemble des opérateurs pour éviter toute "francisation". La 'francisation', c'est faire passer un produit étranger pour un produit français."

L'an dernier, 186 contrôles ont été réalisés dans le département du Rhône. "Ce que nous allons faire, c'est que nous allons intensifier", poursuit Vanina Nicoli, secrétaire générale de la préfecture. "Il y a la nécessité d'aller encore plus loin et de pouvoir traquer des comportements déloyaux, voire frauduleux", souligne-t-elle. L'objectif, remis en lumière par la fronde des paysans ces derniers jours, est de mieux protéger les produits agricoles français.