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Mélina Facchin (correspondante à Strasbourg) / Crédits photo : Laetitia Notarianni / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Le gouvernement poursuit son offensive contre le trafic de drogues. Trois nouvelles opérations "place nette XXL" ont été lancées à Toulouse, Nantes et Strasbourg, a annoncé ce mardi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Dans certains quartiers de ces villes, les habitants souvent apeurés vivent malgré eux, aux rythmes des dealers.

Ce mardi, sur le réseau social X, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé trois nouvelles opérations "place nette XXL" à Toulouse, Nantes et Strasbourg. L’objectif est toujours le même : lutter contre le trafic de drogue à grande échelle.

À Strasbourg, plus de 600 membres des forces de l’ordre vont donc être mobilisées durant trois semaines dans différents endroits de la ville. Europe 1 s'est rendue dans le quartier de la Meinau, l’un de ceux où le trafic de drogue pourrit souvent la vie de ses habitants.

"Ils sont ici tous les jours et tout le monde le sait"

En fin de journée, de petits groupes de jeunes souvent vêtus de noir, parfois en scooter, commencent à se former juste devant cette église, à côté d’une école du quartier de la Meinau, à Strasbourg (Bas-Rhin). Véronique, qui habite ici depuis plus de 60 ans les connaît bien et les surnomme même "les herboristes". Elle confirme qu’ils sont ici "tous les jours et tout le monde sait où ils sont".

"À partir de 20 heures, il y a un ballet de voitures des clients" décrit-elle. "Donc clairement, je ne vais pas me balader la nuit ici" ajoute dans un rire nerveux Cécile, la fille de Véronique. "En plus, on ne sait pas pourquoi, mais ils nous ont fermé le commissariat de quartier", ajoute cette dernière en concluant simplement : "On ne se sent pas en sécurité".

"Ça court partout dès qu’il y a la police"

Hors micro, des retraités nous racontent leur hall d’immeuble "squatté par des trafiquants" et "les cauchemars" que cela a engendré chez eux. Le salarié d’un salon de thé confirme le ras-le-bol général dans le quartier.

"Tous les jours, on voit les petits défilés des jeunes, ça court partout dès qu’il y a police", raconte ce commerçant. "Des fois ils tentent même de venir ici, en buvant un café, pour essayer de faire une transaction", assure-t-il. "Mais j’ai l’œil, je ne les laisse pas s’installer parce qu’après ils commencent à fumer des joints en terrasse. Cela devient très dérangeant", soupire-t-il au micro d'Europe 1.

Des drogues variées dans de nombreux quartiers

Comme à la Meinau, la police dénombre une quinzaine de quartiers gangrenés par le trafic de drogue un peu partout à Strasbourg. "On y trouve de la résine et de l’herbe de cannabis, cocaïne, héroïne et amphétamines", détaille Sylvain André, secrétaire du syndicat Alliance Police dans le Bas-Rhin.

"La vente se fait généralement au niveau des entrées d’immeubles par des jeunes, essentiellement mineurs et primo-délinquants", poursuit-il. Les points de deal sont mobiles, "c’est-à-dire que si on met la pression sur une adresse, c’est un peu comme la mauvaise herbe : ça repousse à un autre endroit".

Si certains trafiquants se font très discrets, d’autres n’hésitent pas à s’afficher au vu et au su de tous. "Parfois même, dans certains quartiers, la vente se fait dans des parcs pendant que les mamans jouent avec leurs enfants", assure Sylvain André.

La frontière avec l’Allemagne "n’arrange pas les choses"

L’une des spécificités du trafic de drogues à Strasbourg, c’est aussi la proximité de la frontière avec l’Allemagne. "Cela n’arrange pas les choses", confirme Sylvain André. "Cela joue énormément parce que la population allemande vient se fournir sur Strasbourg", explique-t-il. Une unité de police de coopération franco-allemande travaille donc "24/24h ensemble afin de lutter contre les incivilités et les trafics qui pourraient se faire soit en France, soit en Allemagne".

Dans ce cadre, le syndicaliste et ses collègues attendent beaucoup de l’opération place nette XXL qui va se tenir ces trois prochaines semaines à Strasbourg. "Cela va permettre de perturber et de gêner les trafics", déclare-t-il. "Mais on espère surtout que l’ensemble des individus qui seront interpellés seront fermement condamnés", conclut Sylvain André.