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Arthur Helmbacher, édité par Tiffany Fillon
A une semaine des municipales, Europe 1 s'est rendue lundi à Ugny, village de Meurthe-et-Moselle pour faire entendre les problèmes de ses habitants. Absence de médecin, désertion des services publics et manque de commerces rythment le quotidien de la commune, qui garde espoir avec l'arrivée d'un café dans son bourg. 
REPORTAGE

C'est l'un des exemples de la fracture territoriale en France. Ugny, petit village de Meurthe-et-Moselle de moins de 750 habitants, est l'un des visages de la désertification des campagnes. 

>> Dans le cadre de la campagne des élections municipales, le Grand journal du soir de Nathalie Lévy est délocalisé ce lundi à Ugny en Meurthe-et-Moselle, dans l'un des mille cafés concerné l’opération qui vise à dynamiser les communes en ouvrant ou en reprenant des cafés dans des communes périphériques de moins de 3.500 habitants.

Comment se manifeste ce phénomène ? Par le manque de commerces, l'absence de médecins ou encore par le réseau mobile capricieux. Des défauts qui compliquent le quotidien des habitants. Bernard, 66 ans, l'un des anciens du village, se dit particulièrement gêné par le manque de médecin à Ugny. "Le gros problème que l'on a, c'est que l'on avait un médecin et il est parti au Luxembourg. Ils partent tous là bas. Donc on n'a plus de médecin traitant actuellement", affirme-t-il au micro d'Europe 1. 

Un café comme moteur 

En vingt ans, la population d'Ugny est passée de 500 à 750 habitants. Si les arrivées de nouveaux habitants dynamisent le village, un autre événement donne espoir aux habitants : l'ouverture d'un café. Pour le maire, Robert Bourguignon, qui en est l'initiateur, ce café est une nécessité. "Il ne suffit pas d'avoir de nouveaux habitants. Il faut essayer de les intégrer dans la vie de la commune. Si on veut les faire venir, le café est important, c'est un lieu de convivialité où l'on peut se retrouver", assure-t-il. 

Amanda Gargano, gérante du Rest’o Bar, qui ouvrira ses portes dimanche, a déjà plein d'idées pour faire de son café un lieu d'échanges et de partage. "C'est un café multi-service où je veux rassembler les gens, leur cuisiner des plats simples mais bons, m'entourer des producteurs locaux et organiser des événements (karaoké, loto, belote)", explique-t-elle.

Si ce commerce va pouvoir voir le jour, c'est parce qu'Ugny est l'une des communes sélectionnées par le Groupe SOS, une association qui a lancé l'opération 1000 cafés. Le but : pousser les communes rurales de moins de 3.500 habitants à ouvrir des cafés pour au total, créer 1.000 établissements de ce type sur le territoire.  

Une France rurale isolée

Pour le spécialiste Jérémie Peltier, directeur des études à la Fondation Jean Jaurès, l'exemple d'Ugny n'est pas isolé. "La moitié des Français vivent dans des communes de moins de 10.000 habitants. Parmi eux, 40% habitent dans des communes de 1.500 habitants", explique-t-il. Selon lui, la création d'un café annonce un nouvel élan pour Ugny, et toutes les autres qui se lancent dans un tel projet. "Un café permet de recréer de la cohésion sociale, des lieux de vie au sein de communes qui peuvent se sentir isolées", affirme Jérémie Peltier, qui rappelle que la "dépendance à la voiture" est parfois difficile à vivre pour les habitants de ces petites communes. 

Car pour le spécialiste, il n'y a pas de doute, Ugny est bien victime de la désertification. "On est au cœur de ce qu'est la France parce que l'on a une histoire sentimentale avec nos villages. La France a longtemps été associée à un univers rural. La petite commune était un lieu d'enracinement avec des figures de proximité : le maire, le curé, l’instituteur et le médecin", analyse Jérémie Peltier.