«Nous avons confié le destin énergétique de la France à des ignorants», estime Loïk Le Floch-Prigent

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Yanis Darras , modifié à
L'ancien président de la SNCF et de GDF, Loïk Le Floch-Prigent, était l'invité d'Europe 1 ce jeudi. Au micro de Sonia Mabrouk, l'ingénieur est revenu sur la crise énergétique française, et la mauvaise gestion de la question du parc nucléaire français, estimant que le destin énergétique du pays "a été confié à des ignorants".

Construire six nouvelles centrales nucléaires. C'est ce qu'indiquait un rapport remis en 2018 au ministre de la transition énergétique et écologique de l'époque, Nicolas Hulot. Un document qui a été classé secret défense, et dont l'ancien ministre peine à se souvenir, lors de son audition dans le cadre de la commission d'enquête sur la souveraineté énergétique. 

Garder des compétences

Pourtant, cette audition est à l'image de la politique énergétique française moderne, explique  l'ancien président de la SNCF et de GDF, Loïk Le Floch-Prigent. Invité d'Europe matin ce jeudi, il est revenu sur la gestion du parc énergétique français ces 25 dernières années. "Nous avons confié le destin énergétique de la France à des ignorants", affirme-t-il au micro d'Europe 1. Cette stratégie "a été dramatique, parce qu'il n'y a pas d'autre solution que de poursuivre le nucléaire en ce qui nous concerne en France", poursuit l'un des anciens patrons de ELF Aquitaine.

Car Loïk Le Floch-Prigent l'assure : "il fallait construire de nouvelles centrales nucléaires de façon à garder la compétence", soulignant que "l'atome" restait à ses yeux, "la seule alternative aux énergies fossiles si nous avons envie de sortir des énergies fossiles". Ce dernier pointe notamment l'intermittence des énergies renouvelables, notamment l'éolien et le solaire. Un reproche régulièrement adressé par les détracteurs de ces énergies. 

Les écologistes responsables ?

"On s'est trompé et on s'est trompé délibérément", affirme l'ex-président de la SNCF. "À un moment, on a voulu se tromper parce qu'il fallait absolument avoir les voix des écolos. Et pour avoir les voix des écolos, il fallait dire l'inverse de la réalité", poursuit-il, en référence à l'accord entre le PS et les Verts pour la présidentielle de 2012, voté en 2011, qui prévoyait notamment une réduction de la part du nucléaire, de 75 à 50% d'ici 2025. 

Mais en réalité, le "début des mensonges" doit se chercher à la fin des années 90, affirme l'ingénieur. "C'est quand en 1997, Dominique Voynet avec les Verts, intègrent le gouvernement de Lionel Jospin que débutent les mensonges. Notamment en expliquant qu'il fallait arrêter Superphénix". Ce réacteur, capable de fonctionner avec du combustible usé, "était absolument horrible pour les écologistes puisqu'ils avaient le sentiment qu'on allait continuer à faire du nucléaire. En réalité, ils étaient non pas écologistes, mais d'abord antinucléaire", conclut Loïk Le Floch-Prigent.